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5G : quel rôle pour les collectivités ?

par Johan Bataille-Finet
Temps de lecture : 3 minutes

Pour les collectivités, la marge de manœuvre semble étroite. Elles ont un rôle éminemment pédagogique pour former des citoyens éclairés sur le sujet. Elles disposent également du soft power via des chartes pour encadrer les pratiques des opérateurs de téléphonie mobile. Surtout, elles peuvent choisir d’investir autour de la 5G… ou pas.

Par Magali Tran

Restaurer la confiance. C’est l’un des objectifs des débats organisés un peu partout sur le territoire, à l’initiative des collectivités, autour du déploiement de la 5G. Si le mouvement est déjà à l’œuvre, avec l’attribution des fréquences 3,5 Ghz depuis fin 2020, « il est important d’ouvrir le débat », selon Caroline Zorn, vice-présidente en charge de la métropole numérique à l’Eurométropole de Strasbourg, « pour former des citoyens et des élus éclairés sur les cadres à trouver autour de la 5G, mais aussi pour préparer l’arrivée de l’ouverture des fréquences 26 Ghz » (qui n’interviendra probablement pas avant 2022-2023).

Par ailleurs, pour Xavier Verne, directeur de projet à la SNCF et expert sobriété numérique pour The Shift Project, « les collectivités sont prescriptrices de commande publique. Il est donc important de se poser la bonne question qui n’est pas “que fait-on avec la 5G mais bien que fait-on avec l’argent qu’on a”? ». Caroline Zorn abonde en ce sens : « Nous avons des budgets, des leviers. Nous devons réfléchir à comment nous orientons nos politiques publiques : souhaitons-nous investir dans un écosystème basé sur la 5G ou dans d’autres technologies ? ». En attendant, sur le terrain, les antennes doivent se déployer. À Strasbourg, un comité des opérateurs de téléphonie mobile permet d’examiner tous les dossiers d’autorisation d’antennes en bonne intelligence : « Puisqu’on ne peut pas les interdire, on vérifie leur conformité par rapport au code de l’urbanisme, on discute des critères esthétiques mais, surtout, on fait part de nos projets aux opérateurs pour qu’ils puissent les prendre en compte. Par exemple, si nous prévoyons la construction d’une école il leur faudra éviter de placer une antenne à proximité. »

Encadrer le développement de la 5G

Les collectivités se dotent aussi de chartes pour encadrer les pratiques des opérateurs et suivre les effets de la 5G. Le Grand Nancy est en train d’effectuer ce travail. La Ville de Paris a quant à elle adopté sa nouvelle charte de la téléphonie mobile. Cet accord entre la municipalité et les quatre opérateurs (Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR), préalable au lancement commercial de la 5G dans la Capitale, offre un cadre de suivi. Il porte notamment sur l’optimisation du recyclage et de la réutilisation des équipements de téléphonie, avec l’ouverture de points de collecte universels dans toutes les boutiques parisiennes des opérateurs, mais aussi sur la protection des données individuelles et des libertés publiques ou encore sur l’inclusion numérique. Il prévoit également un suivi des actions entreprises par les opérateurs pour tendre vers la neutralité carbone et compenser les émissions résiduelles. Cette charte donne aussi un cadre pour – déjà – « anticiper les futures innovations technologiques sur d’autres bandes de fréquence », estime Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris.

Pas de 5G près des écoles à Nantes

La 5G ne sera pas « allumée » près des écoles et des crèches de la métropole de Nantes jusqu’à la publication du rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur cette nouvelle technologie mobile, a annoncé la maire PS de Nantes mardi, Johanna Rolland.

Effets sanitaires : le rapport de l’Anses très attendu

Parmi les débats soulevés par le déploiement de la 5G, l’un des plus médiatisés est celui des effets des ondes électromagnétiques sur la santé. L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) doit remettre un rapport en mars-avril mais, pour l’heure, « on n’a pas encore trouvé les mécanismes qui expliqueraient le lien entre l’exposition aux champs électromagnétiques et des effets sur la santé », indique Olivier Merckel, responsable de l’unité d’évaluation des risques liés aux nouvelles technologies à l’ANSES. Il ne s’agit toutefois pas de nier les symptômes vécus par les personnes électrosensibles. Et puisqu’on est tous de plus en plus concernés par l’exposition aux ondes électromagnétiques, il est d’autant plus important de poursuivre les recherches, surtout en prévision de l’ouverture de la bande millimétrique de 26 GHz, moins bien connue.

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