L’association Réseau des Territoires Innovants, plus communément nommée « Les Interconnectés », a célébré son dixième anniversaire, les 26 et 27 juin 2019. L’occasion pour elle de faire le bilan, entre révolution numérique et mutualisation des territoires.
Par Yoanna Sallese
L’association Réseau des Territoires Innovants (Les Interconnectés) a fêté son dixième anniversaire, les 26 et 27 juin à Paris. En 2009, France Urbaine et l’Assemblée des Communautés de France (AdCF), qui sont à l’origine de sa création, souhaitaient que les acteurs publics prennent la main sur leur propre gestion de données. L’enjeu, créer un espace d’échange pour réfléchir au devenir de cette révolution numérique, en rien semblable aux révolutions industrielles précédentes. « C’était important d’intégrer les collectivités dans la gestion de données, car nous voulions avoir nos propres outils, explique Karine Dognin-Sauze, présidente de l’association Réseau des Territoires Innovants et vice-présidente de la Métropole de Lyon. Il n’y avait aucune raison d’avoir des acteurs privés pourvoyeurs de solutions et des acteurs publics qui ne seraient qu’à l’écoute ».
Formations et partage d’expérience
Le rôle du réseau a été de faire remonter les besoins des territoires, pour le moins inégaux. Alors que les grandes métropoles bénéficient désormais d’outils pour gérer leurs données avec un retour d’expérience, des communes plus petites restent encore pour certaines, à la marge. « Les Interconnectés ont permis de dresser les priorités de certaines zones rurales pour agir en fonction de leurs besoins et créer de la synergie. Ceci permet d’évoluer ensemble », explique Céline Colucci, déléguée générale des Interconnectées. L’association a fait le diagnostic et recherche des dynamiques vertueuses, notamment entre territoire urbains et ruraux pour que « l’on arrête de penser que la France innove à plusieurs échelles », comme le souligne Jacques Oberti, président de la communauté d’agglomération Sicoval. En 2017, elle remet un manifeste des grandes lignes d’action de la transition numérique des territoires au secrétaire d’Etat au numérique. Côté formation, Territoir’Prod est sa plateforme destinée à accompagner les collectivités dans leur transition numérique. Avec le label Territoire Innovant, les Interconnectés donnent un coup de projecteur sur les expériences à partager, chez les grandes villes, mais aussi les petites. Sur les 26 projets labellisés en janvier 2019, l’outil « Affluences », de la Ville de Marseille mesure l’affluence des plages en direct, Mulhouse Alsace Agglomération offre un accès simplifié à différents services de mobilités et la commune de Saint Sulpice la Forêt, en Bretagne, a reçu le prix de la petite smart city de France.
Des dispositifs encore insuffisants
Pour autant, et malgré ces dispositifs, l’association reste réaliste. « Si nous regardons l’émergence de la data, nous sommes très en retard. Il faut que les territoires considèrent la transition numérique comme un vrai intérêt. Sinon, c’est le mur assuré », affirme Jacques Oberti. D’autant que le gouvernement a récemment fixé un objectif de 100% de dématérialisation de l’action publique d’ici à 2022. Et avec cette mesure, bon nombre d’interrogations se posent, sur l’aide financière de l’Etat, le renforcement de la législation encore trop floue, ou la suppression des postes au sein du service public, conséquence directe de la dématérialisation. Autant de questions auxquelles le secrétaire d’Etat en charge du numérique, Cédric O, n’aura pas pu répondre, annoncé mais malheureusement absent de cette rencontre…