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« Il faut aller plus loin dans la territorialisation des politiques publiques »

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 2 minutes

En juillet dernier, Emmanuel Heyraud a été nommé délégué général de l’association France urbaine. Il livre sa feuille de route et défend une vision ambitieuse de la décentralisation.

Propos recueillis par Baptiste Roux Dit Riche

Si vous deviez résumer votre ambition pour France urbaine en quelques mots, quels seraient-ils ?

J’en choisirais trois : cohésion, dialogue et responsabilité. Cohésion, parce que notre société est fracturée. Les élus locaux s’en rendent compte chaque jour avec la montée des tensions de toute nature. Dialogue, parce que ce dernier permet souvent de faire bouger les lignes. Qu’il s’agisse de dialoguer avec le gouvernement et le Parlement, bien sûr, mais aussi avec la société civile, les associations, les corps intermédiaires et les partenaires sociaux. Enfin, responsabilité, car les collectivités ont une obligation particulière pour être au rendez-vous de l’efficacité de l’action publique locale, aux côtés de l’État et de ses services déconcentrés.

Plus largement, quelle sera la feuille de route de votre mandat ?

Il s’agira d’inventer une nouvelle façon de penser et faire vivre la décentralisation. Décentraliser ne signifie pas que chacun travaille seul dans son coin ! Les collectivités savent coopérer entre elles dans le cadre de l’Alliance des territoires : c’est d’ailleurs l’ADN fondateur de France urbaine, depuis sa création. Notre association doit conforter l’esprit de la décentralisation et aller plus loin en matière d’expérimentation et de territorialisation des politiques publiques. Il importera aussi de conforter notre philosophie transpartisane. Nous devons rester une association constructive et exigeante, reconnue et respectée des pouvoirs publics et des corps intermédiaires.

Des élus locaux dénoncent une recentralisation de la part de l’État… Qu’en pensent les maires de grandes villes et les présidents de métropoles ?

Il y a, ici et là, des tentations de recentralisation, même si les contrats de Cahors (2018-2020) sont derrière nous. Les collectivités locales ont besoin d’avoir des marges de manœuvre budgétaires et une autonomie fiscale. Autrement dit : il faut tout simplement leur laisser la capacité d’agir.

Lors du congrès de l’Association des maires de France (AMF), certains élus se sont plaints d’être des « sous-traitants sous-traités »…

Cette expression est peut-être un peu excessive, même s’il y a là une part de vérité. Il convient à tout le moins d’avoir des relations plus matures et équilibrées, comme cela prévaut entre États et gouvernements locaux dans nombre de démocraties européennes. La mission confiée par le président de la République au député Éric Woerth au sujet d’un nouvel acte de décentralisation nous amènera à formuler des propositions. Il s’agira également d’allier décentralisation et déconcentration.

Transition écologique, finances, logement… Quel sera le défi numéro un pour France urbaine début 2024 ?

Tous ces dossiers sont importants. Cela dit, la situation actuelle du logement préoccupe particulièrement nos élus. C’est une bombe sociale à retardement. Il revient au gouverne- ment de mettre en place des dispositifs à même d’augmenter la production de logements, notamment sociaux, et réhabiliter l’acte de construire. La décentralisation du logement, aussi audacieuse soit-elle, ne suffira pas à relancer le secteur qui vit une crise historique.

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