A la suite de l’annonce du gouvernement d’instaurer la « cantine à 1 euro » dans près de 10 000 communes, l’Association des Maires de France (AMF) et Villes de France dénoncent des méthodes qui « ne permettent pas d’envisager sereinement le succès de cette mesure ».
par Yoanna Sallese
Il y a sept mois, la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté a été lancée par le ministère des Solidarité et de la Santé. Pour la renforcer, la secrétaire d’Etat Christelle Dubos a annoncé, dans le Journal du Dimanche du 7 avril 2019, que la « cantine à 1 euro », destinée aux familles en difficulté, sera mise en place dans environ 10 000 communes. La mesure devrait entrer en vigueur à la fin du mois. « Une concertation préalable et approfondie aurait été la bienvenue », s’agacent l’Association des Maires de France (AMF) et Villes de France qui affirment que les maires, pourtant concernés par le sujet, n’ont pas été consultés.
Absence d’aide pour les communes déjà engagées
« Les communes qui s’engagent recevront une aide de l’État de 2 euros par repas » avait expliqué Christelle Dubos. Une aide dérisoire selon les deux associations : « Le coût moyen d’un repas pour une commune est évalué entre 7,5 et 10 euros. » De plus, plusieurs municipalités se sont déjà engagées dans cette voie en réalisant des efforts financiers pour lutter contre la précarité et favoriser l’inclusion sociale. « Nous n’avons pas attendu cette mesure pour agir », indique-t-on. D’ailleurs, de nombreuses communes proposent d’ores et déjà des tarifs planchers inférieurs à 1 euro. Pour autant, elles ne seraient pas concernées par l’aide financière proposée par l’Etat. « Nous avons demandé des explications au gouvernement. Pour l’heure, il n’a pas répondu », assure-t-on à l’AMF.
Un nouveau transfert de charge ?
En instaurant cette mesure, les deux associations d’élus dénoncent un potentiel transfert de charges sans réel transfert de ressources. « Tout ce qui est présenté comme une bonne nouvelle par le gouvernement est payé avec l’argent des autres », fustigent les élus. En outre, les maires tiennent à rappeler que sur ce sujet d’intérêt général, la logique qui garantit des relations entre l’État et les collectivités doit être fondées sur la confiance et la responsabilité. Ils aiment précisément évoquer le principe : « qui décide paye, qui paye décide ».