Après l’énergie et les transports, bientôt des régies pour l’agriculture ? C’est en tout cas le souhait de Tours Métropole Val de Loire, qui va lancer une étude en ce sens. L’ambition de la future régie agricole est de relocaliser au maximum la production et de créer une passerelle entre les producteurs locaux et les besoins des collectivités pour approvisionner les cantines.
Par Magali Tran
Manger local dans les cantines scolaires ? C’est l’objectif que se fixe Tours Métropole. Depuis plusieurs années déjà, dans le cadre notamment de l’élaboration de son Projet alimentaire territorial (PAT), la Métropole a entamé une démarche volontariste de valorisation des terres agricoles en rachetant du foncier et en soutenant l’installation de maraîchers sur ces parcelles. Aujourd’hui, elle compte passer à la vitesse supérieure en créant une régie agricole. « Notre volonté est avant tout de relocaliser la production au maximum », souligne Alice Wanneroy, vice-présidente déléguée à la politique alimentaire territoriale, « mais pas d’être en auto-suffisance alimentaire. » Une étude va être lancée en 2021 pour préciser la faisabilité et les modèles possibles – embaucher des agriculteurs en direct, par exemple –, mais ce qui est certain, c’est que la collectivité ne compte pas se substituer aux producteurs locaux. Son ambition est plutôt de « jouer un rôle de catalyseur. Nous voulons être l’aiguillon pour créer une dynamique de l’ensemble des acteurs, chacun peut y prendre sa part », poursuit l’élue.
Faire le lien entre producteurs et marchés publics
La régie agricole telle que la conçoivent les élus tourangeaux sera également une plateforme d’échanges entre les producteurs et les collectivités. Les maraîchers ont en effet tendance à se tourner vers la vente en direct de paniers ou vers des coopératives plutôt que vers les marchés publics. « Il y a une réelle inquiétude des petits producteurs face à l’ampleur des marchés publics, confirme Alice Wanneroy, alors que c’est intéressant pour eux, sur le fond, avec une garantie de revenus. La régie sera le chaînon manquant pour que les liens s’établissent. » Quitte à ce que la régie disparaisse ensuite si elle n’a plus lieu d’être. Ce dispositif pourrait également être l’occasion de faciliter des expérimentations sur de nouvelles façons de produire ou encore de faire de l’insertion professionnelle.
Et aussi une légumerie ?
Pour commencer, « la régie de Tours, qui sert de 8 000 à 8 500 repas par jour dans les cantines des écoles et des crèches, pourrait acheter les denrées à celle de la Métropole », imagine l’élue. Avant de s’étendre progressivement aux autres communes. Et la Métropole compte pouvoir conserver la même tarification de cantine, selon Alice Wanneroy. L’idée est aussi de repenser toute la façon de faire, avec davantage de produits bruts qui pourraient être transformés au sein d’une légumerie, peut-être métropolitaine elle aussi. D’ores et déjà, la Métropole effectue un travail de repérage du foncier, grâce à son Établissement public foncier métropolitain, pour des parcelles de l’ordre de 6 ou 7 hectares. Ainsi, « dès les résultats de l’étude, attendus pour le deuxième semestre 2021, nous pourrons aller plus rapidement », espère Alice Wanneroy. Optimiste, l’élue souhaite pouvoir créer la régie en 2024.
REPÈRES CHIFFRÉS
|