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« Nous sommes les seuls à produire nos batteries en France »

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 3 minutes

Bluebus, filiale du groupe Bolloré, est l’un des pionniers du bus électrique. Il a notamment pour client la RATP. Serge Amabile, directeur commercial et marketing, explique le positionnement de l’entreprise face aux géants asiatiques.

Propos recueillis par Marc Fressoz

Qu’est-ce qui vous différencie des autres constructeurs de bus électriques ?

Notre grande particularité est de venir du monde de la batterie. Nous avons commencé il y a neuf ans à installer nos batteries sur des bus électriques de 6 mètres. Nous sommes un des pionniers avec déjà 280 véhicules de ce gabarit vendus en France, dans certains territoires d’Outre-mer et à l’étranger.

En 2014, nous avons remporté le premier marché d’expérimentation de bus électriques lancé par la RATP. Cela nous a permis de démarrer la production des Bluebus 12 mètres, dont 110 circulent actuellement, et de les proposer aux opérateurs français et européens. Nos batteries ont la spécificité d’être des batteries « tout solide » LMP® (Lithium-Métal Polymère) construites en France, à Ergué-Gabéric (Finistère), et qui disposent, tout comme le bus, des labels Origine France Garantie et Produit en France.

« Nous sommes un des pionniers avec déjà 280 bus électriques de 6 mètres, équipés de nos batteries, vendus en France, dans certains territoires d’Outre-mer et à l’étranger. »
Cette technologie nécessite de maintenir les batteries à une certaine température. N’est-ce pas un inconvénient ? Et quid de l’autonomie ?

La plupart des fabricants de batteries commencent à essayer de solidifier leur électrolyte pour répondre à des problématiques de sécurité et, ainsi, éviter l’emballement thermique, ce qui est un vrai sujet sur un bus qui comporte d’importants appels de puissance. Notre technologie LMP® a l’avantage de ne pas être soumise à ce risque lié aux électrolytes non solides. L’autre enjeu est la durée de vie des batteries qui constitue un coût important du bus. Nous avons été les premiers à proposer pour les Bluebus 12 mètres une garantie allant jusqu’à 7,5 ans, ce qui aujourd’hui est presque devenu un minimum requis. Quant à l’autonomie très élevée de nos batteries, elle relève toujours d’un compromis à trouver au regard du confort climatique demandé par l’exploitant.

En termes de prix, où vous situez sur le marché des bus de 12 mètres ?

Nous sommes dans la fourchette du marché, entre 470 000 et 530 000 euros, hors options et spécificités client. Bien évidemment, les volumes peuvent impacter cette indication de prix. Mais, sur le marché mondial, nous ne pouvons pas nous aligner sur les concurrents venus d’Asie voire d’Europe de l’Est, notamment parce que nous n’avons pas encore les volumes suffisants. Mais nous avons d’autres atouts : la qualité de fabrication française car nous sommes les seuls à produire jusqu’aux cellules de nos batteries en France. Autres éléments qui nous différencient : la RSE avec l’éco-conception, la vigilance toute particulière que nous portons sur nos chaînes d’approvisionnement, le travail des personnes et le recyclage des batteries, qui sont des critères auxquels les élus attachent de plus en plus d’importance. Tous ces éléments sont essentiels si on souhaite contribuer à créer une filière industrielle française permettant l’essor de l’électrique et de l’hydrogène.

« Nous avons commencé à développer une navette autonome ciblant des marchés potentiels dans le cadre de projets de Smart Cities au Moyen-Orient. »

Avez-vous des projets de véhicule autonome ? Et l’hydrogène ?

Nous avons un accord de distribution avec le groupe Gaussin qui porte sur la commercialisation exclusive au Moyen-Orient de notre Bluebus 6 mètres dans sa version actuelle. Par ailleurs, nous avons commencé, avec ce partenaire, à développer une navette autonome ciblant des marchés potentiels dans le cadre de projets de Smart Cities au Moyen-Orient. Quant à l’hydrogène, nos batteries peuvent être couplées à des piles à combustibles, mais nous n’envisageons pas aujourd’hui de proposer des bus disposant de cette technologie.

Que vous apportent les contrats avec la RATP ?

Avec la RATP, nous avons remporté les deux premiers contrats d’expérimentation de bus électriques, puis ce- lui dit « massif » signé en avril 2019 et répondons à leur nouveau marché qui doit être attribué en 2021. C’est une énorme caution, car la RATP est une référence mondiale, ce qui a rassuré les agglomérations qui nous ont choisis, comme Bruxelles à travers la STIB, Rennes, Vichy ou Aubervilliers, et cela nous ouvre bien sûr d’autres marchés prometteurs.

« Nous accompagnons également nos clients dans l’obtention de financements, comme avec le programme MoéBUS. »

Au-delà du matériel roulant, qu’apportez-vous aux élus ?

Nous pouvons les accompagner tout au long de ce processus complexe et nouveau pour eux. Nos équipes techniques conseillent régulièrement nos clients sur l’électrification de leurs dépôts, mais nous n’allons pas encore jusqu’à proposer des offres de financement auprès des acquéreurs de bus électriques. Toutefois, nous accompagnons nos clients dans l’obtention de financements, comme avec le programme MoéBUS, lié par le dispositif des Certificats d’Économie d’Énergie, qui permet des réductions de coût très significatives.

 

 

 

 

 

 

 

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