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Hipli, le défi des colis réutilisables

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 4 minutes

Des colis réutilisables pour remplacer les cartons classiques dans la vente à distance. Une idée simple, portée par la jeune entreprise Hipli, mais qui a nécessité de relever plusieurs défis : trouver le bon matériau, le bon format, le bon mode de traçage… Portrait d’une start-up qui a de l’avenir.

Par Magali Tran

En 2020, environ un milliard de colis ont circulé en France. Un milliard de colis qui, pour la plu- part, finissent directement à la poubelle. Alors pourquoi ne pas tenter de mettre en circulation des colis conçus pour effectuer plusieurs trajets ? C’est le pari lancé par Anne-Sophie Raoult et Léa Got en créant l’entreprise Hipli. « Dès le deuxième voyage, un colis Hipli a un impact environnemental plus faible qu’un colis en carton classique », souligne Anne-Sophie Raoult, puisque les ressources nécessaires à la fabrication de l’emballage pèsent en majorité dans son cycle de vie.

Le fonctionnement est très simple pour les utilisateurs, condition sine qua non pour que vive l’idée. Le e-commerçant envoie ses produits dans un colis Hipli réutilisable, une grande enveloppe souple à zip. Le consommateur dépose ensuite le Hipli replié dans son enveloppe intégrée dans une boîte aux lettres classique. L’emballage est ensuite reconditionné par l’entreprise (suppression des étiquettes par exemple) puis remis sur le marché. « Le colis, scanné au départ et à l’arrivée, revient toujours chez nous, afin de pouvoir le tracer et de vérifier les trajets effectués. S’assurer que le colis est réellement réutilisé, c’est ça qui a un impact », insiste Anne-Sophie Raoult.

Coût d’usage incompressible

Pour vivre ses nombreuses vies – une centaine de trajets par colis, espèrent les entrepreneuses –, l’emballage doit également être particulièrement résistant. Avec une agence de design industriel, les associées ont développé un produit « dont la réparabilité a été pensée dès le départ », précise la co-fondatrice. L’emballage, prévu dans un premier temps pour le transport de textiles, doit être résistant à l’abrasion, hydrophobe, mais également offrir une surface suffisamment adhésive pour les étiquettes d’affranchissement… qui doivent toutefois pouvoir être retirées facilement après envoi. Et enfin, le colis doit être léger, moins de 100 g. « Le prix de retour du Hipli reste non négociable, le service postal étant un service public. Il représente 1,30 euros par emballage, sur les 2 euros que nous facturons au e-commerçant. Tant que ce prix ne sera pas réduit, on ne pourra pas diminuer le coût d’usage», poursuit l’entrepreneuse.

Une piste à étudier serait de monter des partenariats avec les collectivités locales pour installer des points de collecte dans des lieux de passage comme les mairies ou les écoles. « Nous pourrions alors envisager des volumes beaucoup plus importants, estime Anne-Sophie Raoult. Cela permettrait une massi cation et donc un retour moins cher. »

Le consommateur partie prenante

Pour l’heure, le coût de l’emballage reste en effet un frein pour que les e-commerçants se convertissent en masse. « C’est plus facile pour les nouvelles marques, qui n’ont pas encore affiché de prix, de se lancer directement avec Hipli », observe l’entrepreneuse.

En général, le e-commerçant propose le Hipli en option (payante ou non) afin que le consommateur soit partie prenante de la démarche. Ce qui permet d’atteindre un taux de retour de 89 %… sachant que la temporalité peut aussi fausser les calculs : une marque peut commander une grande quantité de Hipli qui ne seront peut-être envoyés que plusieurs mois plus tard. Le souci de traçabilité est la raison pour laquelle Hipli ne s’adresse qu’aux e-commerçants. « Nous avons une forte demande pour que les particuliers puissent les utiliser aussi. C’est en cours de réflexion, mais la difficulté, c’est qu’il faut s’assurer que celui qui reçoit le paquet soit aussi sensible à ce geste que celui qui l’envoie, et le remette vraiment dans la boucle », résume Anne-Sophie Raoult. D’où l’intérêt également de participer à des actions de sensibilisation pour expliquer aux particuliers la démarche.

Plus de 150 marques clientes

En attendant, l’entreprise lance, pour fêter sa première année d’existence, un nouveau format : un colis rigide pour la cosmétique et l’artisanat. « Pour transporter des produits fragiles, comme des flacons ou des bijoux, la boîte dispose d’éléments de protection. On n’atteindra pas le zéro déchet sur cet emballage, car il y aura un élément de calage non réutilisable », explique la co-fondatrice d’Hipli. Et pourquoi pas, pour la suite, un format davantage destiné à de l’alimentaire ou des boissons, secteurs pour lesquels la demande existe. Pour l’heure, l’entreprise poursuit son chemin en prospectant de nouveaux clients, notamment sur les réseaux sociaux. « On a dépassé les 150 marques clientes. Une vingtaine d’entre elles nous rejoignent chaque mois. C’est notamment grâce à de grands acteurs du e-commerce que la croissance pourra se faire », souligne Anne-Sophie Raoult, qui compte CDiscount, Showroomprivé ou encore la Camif parmi ses clients.

L’entrepreneuse assure : « Nous ne rencontrons pas de sceptiques. En revanche, la question du coût est un véritable défi . Cela nécessite un réel engagement de la part de la marque. » Alors, les colis réutilisables deviendront-ils la norme ? Gageons que ce n’est plus qu’une question de temps…

Repères

→ Hipli lancé sur le marché en juillet 2020.

→ 3 formats d’emballage souple ; 1 format rigide lancé à l’été 2021.

→ Plus de 130 marques clientes ; objectif 300 d’ici à la fin de l’année.

→ 150 000 colis par mois d’ici à la fin de l’année.

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