A l’occasion des rencontres nationales du transport public, les acteurs de la mobilité, réunis à Toulouse, demandent à l’Etat plus d’argent et tentent de réenchanter un secteur durement touché par la crise.
Les professionnels du transport public n’ont pas le moral. Réunis à Toulouse pour les Rencontres nationales du transport public organisées par le Groupement des autorités responsables de transport (GART) et l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP), ils tentent de faire oublier la morosité ambiante. Le secteur a été particulièrement touché par la crise sanitaire. Selon les autorités organisatrices de la mobilité (AOM), le manque à gagner a atteint 700 millions d’euros en province l’an dernier en raison de la baisse de la fréquentation et de la fiscalité. Et cette année, les chiffres ne devraient être guère meilleurs. Certes, le gouvernement est venu à la rescousse. L’Etat leur a apporté 29 millions d’euros de subventions et 584 millions d’avances remboursables. Il a aussi augmenté de 400 millions d’euros l’enveloppe dédiée au développement des réseaux de transport public, mais celle-ci est allouée pour les investissements. Bref, comme le dit Louis Nègre, le président du GART, par ailleurs maire LR de Cagnes-sur-Mer, « le compte n’y est pas. » Et il ajoute, à juste titre, qu’il faudra bien finir par rembourser les avances…
L’État a été plus généreux en Île-de-France
Si la situation en province est difficile, en Ile-de-France, elle est catastrophique. Les pertes se sont élevées à 2,6 milliards d’euros l’an dernier. « Le ‘quoi qu’il en coûte’ ne peut pas s’arrêter aux portes des transports », persifle Grégoire de Lasteyrie (LR), vice-président d’Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice de la région capitale qui a suspendu ses paiements à la RATP et la SNCF, faute d’avoir trouvé un accord avec le gouvernement. Ici, pourtant, l’Etat a été plus généreux en donnant davantage de subventions.
C’est justement la raison pour laquelle le GART demande, en plus des aides plus conséquentes, que toutes les collectivités soient traitées équitablement. En outre, il réclame une baisse de la TVA à 5,5 %.
« La France est le pays où on souffre le plus », déplore Thierry Mallet, le PDG de l’opérateur Transdev. Il prévoit une perte d’exploitation de 90 millions d’euros cette année, après 155 millions en 2020. Les mécanismes de compensation ont bien mieux fonctionné en Allemagne ou aux Pays-Bas, témoigne-t-il.
Réenchanter les transports collectifs
Pour autant, les professionnels du transport public ne perdent pas espoir. Ils se demandent comment « réenchanter les transports collectifs », selon la formule de Marie-Ange Debon, PDG de l’opérateur Keolis (groupe SNCF) et présidente de l’UTP. L’objectif est de faire revenir les voyageurs, alors que les taux de fréquentation atteignent actuellement 85 % en province et 77 % en Ile-de-France.Tous l’enjeu est donc de leur offrir sécurité sanitaire, confort et régularité, tout en gérant les évolutions des déplacements dues au télétravail, le verdissement des flottes – 80% des bus en France brûlent toujours du diesel- et l’effort de numérisation du secteur.
Tout cela a un coût. « Il faut un effort d’accompagnement des transports collectifs », conclut Marie-Ange Debon.
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