« Choqués », les présidents de régions ont eu des mots durs à l’endroit du gouvernement à l’issue de leur congrès qui s’est tenu jeudi à Montpellier. Alors qu’ils attendaient des réponses précises notamment sur leurs finances, ils n’ont pas apprécié que le Premier ministre vienne leur faire la leçon et ne réponde que partiellement à leur demande.
Les régions qui tenaient leur congrès jeudi 30 septembre à Montpellier sont allés à l’affrontement avec Jean Castex dans une forme inédite. Pourtant, tout avait bien commencé : la socialiste Carole Delga, qui a pris la tête de Régions de France cet été, attendait de pied ferme le Premier ministre à Montpellier, convaincue que le dialogue engagé avec lui serait décisif. Elle comptait précisément obtenir réparation sur les 50 millions d’euros qui vont être amputés dans le budget des régions dans le projet de loi de Finances 2022. Mais aussi avoir des garanties du gouvernement sur la baisse de leurs recettes induite par la crise sanitaire.
“Nous n’irons pas plus loin”
Mais patatras, Jean Castex n’a semble-t-il pas apprécié que les régions aient communiqué en amont de ce rassemblement pour protester contre leur mauvais traitement. « Point besoin, mesdames et messieurs les présidents de régions, de m’envoyer des communiqués de presse ou alors, si possible, après que nous nous soyons vus », a-t-il grincé durant son intervention. Pour autant, le Premier ministre ne s’est pas dérobé. « Nous ne vous laissons pas tomber », a-t-il martelé. Il a leur proposé une compensation de 127 millions d’euros au titre de la baisse des frais de gestion induite par la baisse des impôts de production. Mais pas davantage. « Nous n’irons pas plus loin », a-t-il ajouté, avant d’appeler les élus « au travail, au service de nos concitoyens ». Une injonction qui n’a pas été appréciée.
Durant son intervention Jean Castex a en outre fait la leçon aux présidents de régions sur l’impact de la crise sanitaire. Les pertes se sont élevées à 92 milliards d’euros en 2020 pour le budget de l’Etat, contre quatre milliards pour les collectivités. « Moi, je n’ai personne à qui m’adresser pour les compenser », a ironisé le Premier ministre, laissant penser que les collectivités, et les régions en particulier, ne sont pas si mal loties et qu’elles ont tendance à trop se plaindre. Pour illustrer son propos, il a souligné que « les dotations sont restées parfaitement stables » sous ce quinquennat, rappelant qu’elles avaient diminué de 10 milliards entre 2013 et 2017.
Un discours humiliant
Après son discours, Carole Delga a immédiatement organisé une réunion des présidents de régions. En conférence de presse, la présidente, aux côtés du LR Renaud Muselier, président délégué, a fustigé le fond et s’est insurgée contre la forme. « Nous avons été très choqués par le ton employé dans ce discours », a affirmé Carole Delga, le qualifiant « d’humiliant », et assurant qu’elle prendrait des décisions dans les prochains jours. « Il n’est pas possible de recevoir des leçons sur ce ton, données de cette façon, pensant que nous n’avons pas su travailler. Nous avons autant de légitimité que les ministres », s’est-elle exclamée.
En recevant Jean Castex, Carole Delga avait exhorté à « trouver les voies d’un dialogue respectueux », rappelant que les relations entre les régions et le gouvernement ont connu de nombreuses tensions depuis l’arrivée à l’Elysée d’Emmanuel Macron, surtout quand Edouard Philippe était à Matignon. Les collectivités avaient ainsi claqué la porte de la conférence nationale des territoires en juillet 2018 en dénonçant des faux-semblant de concertation.
« Depuis 2017, nous sommes allés parfois de difficultés en incompréhensions. La confiance est une relation et cela ne peut exister quand on est moins de deux », a-t-elle plaidé.
Les Français connaissent leurs régionsUne enquête IFOP réalisée pour Régions de France démontre que les régions sont bien plus ancrées dans l’opinion que ce que l’on croit généralement. Les Français semblent connaître assez bien leurs compétences notamment sur les lycées, la mobilité et la formation. Il est de même pour l’identité des présidents. Par ailleurs, les trois quarts des Français déclarent leur faire davantage confiance qu’à l’Etat. Aussi 54 % des Français de l’hexagone souhaitent leur donner plus de pouvoir. Ce sondage IFOP a été mené auprès d’un échantillon de la population française de métropole et des territoires d’outre-mer, selon la méthode des quotas. |
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