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Zones à faibles émissions (ZFE) : l’État accusé d’enclencher la marche arrière 

par Sébastien Fournier
ZFE LYON
Temps de lecture : 2 minutes

La semaine qui vient de s’écouler ne fait pas sonner le dénouement des ZFE, mais elle n’en constitue pas moins un épisode crucial. Des élus locaux viennent de remettre au gouvernement, à sa demande, des propositions pour les rendre plus acceptables. Ce dispositif qui vise à améliorer la qualité de l’air dans les plus grandes agglomérations françaises est considéré par d’aucuns comme une bombe sociale à retardement.

Par Martin Batko

Trois petites lettres mais une grande inquiétude. Les ZFE, Zones à faibles émissions, n’en finissent pas de créer le débat comme en témoignent les prises de position dont nous nous sommes régulièrement fait l’écho. Ce dispositif, inscrit dans les lois « LOM » et « Climat et Résilience », vise à améliorer la qualité de l’air dans les plus grandes agglomérations françaises, en contraignant puis en interdisant à termes la circulation des voitures polluantes. Depuis l’ouverture des concertations, les points de blocage apparaissent précisément sur l’impact social de la mesure, coûteuse pour les particuliers contraints de changer de véhicule. Christophe Béchu, ministre de la transition Énergétique et de la Cohésion des territoires, avait ainsi confié à Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, président de Toulouse Métropole, et Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’Eurometropole de Strasbourg, une mission visant à recueillir plusieurs propositions pour allier transition écologique et justice sociale. Une vingtaine lui ont été soumises le 10 juillet dernier, essentiellement d’ordre financière : doubler les aides de l’Etat, notamment la prime à la conversion, et les compléter par des aides proposées par les territoires, étendre et garantir le prêt à taux zéro et ajuster le microcrédit, financer massivement les mobilités durables…

« Territoires de vigilance » : un assouplissement ou une marche arrière de l’État ?

De son côté, le gouvernement a annoncé un assouplissement du dispositif pour les agglomérations de plus de 150 000 habitants positionnées en deçà du seuil critique de pollution de l’air. En soit, cela ne constitue pas une reculade puisque c’est conforme aux lois votées. Ils rentrent désormais dans la catégorie « territoires de vigilance » et échappent à l’interdiction d’ici 2025 des véhicules de la catégorie « Crit’Air 3 ».

Pour autant, les critiques pleuvent : pour beaucoup, il s’agit d’un rétropédalage qui contourne les arbitrages à prendre pour amortir les répercussions sociales. Au-dessous du seuil critique, Paris, Marseille, Strasbourg, Lyon et Rouen sont les 5 métropoles encore concernées par les restrictions de circulation des véhicules Crit’Air 4 (1er janvier 2024) et Crit’Air 3 (1er janvier 2025), soit pas moins de 13 millions d’automobilistes selon le sénateur Philippe Tabarot. Rapporteur d’une mission ad hoc, il compte justement traduire ses propositions dans le cadre d’une Proposition de loi dédiée. Le but ? Repousser à 2030 le déploiement obligatoire des ZFE dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants, pour mettre en cohérence offres de mobilités en commun et accompagnements financiers.

Les ZFE n’ont pas fini de faire parler d’elles, emblématiques de la difficulté de proposer des politiques environnementales socialement viables.

Le Grand Paris retarde encore l’interdiction des véhicules les plus polluants

L’interdiction à la circulation des véhicules Crit’Air 3 dans la Métropole du Grand Paris, la plus grande ZFE de France, a été reportée jeudi à début 2025, soit après les Jeux olympiques de 2024. “Tant que le gouvernement n’aura pas avancé, nous ne pourrons pas mettre en place notre ZFE”, a indiqué le président Patrick Ollier au cours d’un conseil métropolitain.

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