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« La métropole ne peut se construire en opposition avec ses territoires voisins »

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 4 minutes

Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier méditerranée métropole, défend une ligne écolo-socialiste entre laïcité et transition écologique qui lui vaut une certaine notoriété. Et pour Montpellier, il met en œuvre le chantier de la « ville d’après, une ville apaisée, rééquilibrée et résiliente ». À mi-mandat, quel bilan tire-t-il de la période écoulée et comment aborde-t-il les défis de cette métropole en transition ?

Propos recueillis par Franck Soler

Depuis votre élection, et face à l’enchaînement des crises (sanitaire, sociale, énergétique, climatique), votre vision d’élu pour Montpellier a-t-elle changée ?

Non, je ne crois pas. En 2020 déjà, les conditions de l’élection qui étaient les miennes étaient celles d’un nouveau souffle, un programme qui disait clairement : « Nous allons faire entrer le territoire dans sa transition écologique et solidaire. » Nous avons été élus sur une promesse de décarbonation très forte avec la gratuité des transports, un investissement massif pour les mobilités alternatives à la voiture et aussi pour le soutien à l’activité économique fragilisée par le Covid-19. Toutes ces crises nous aident à intensifier les transformations qui sont aujourd’hui nécessaires. Elles nous aident également à accélérer les compréhensions.

Au début de mon mandat, personne ne comprenait tous ces travaux de voirie engagés pour changer les réseaux d’eau et contrer les fuites. Quand il n’a pas plus pendant 35 jours à Montpellier et que je présente ça en réunion publique, maintenant je suis applaudi.

Quels sont les principaux défis qui vous restent à relever d’ici la fin du mandat ?

Je fonde mon mandat sur le respect des engagements que j’ai formulés pendant la campagne électorale. Il y a notamment la mise en œuvre de la gratuité des transports en commun pour les habitants de la métropole. C’est une mesure emblématique et je suis convaincu qu’en 2026, dans toutes les métropoles, le débat des municipales se fera sur la gratuité des transports. À Montpellier, il n’y a plus d’écologie sans social, pas de social sans écologie ! Nous avons fait le choix de réinterroger toutes les politiques publiques à l’aune des enjeux de la transition : sur les mobilités, l’urbanisme avec l’adoption d’un nouveau PLUi, l’équilibre territorial, la mise en régie publique de l’eau potable et de l’assainissement, la tarification éco-solidaire de l’eau et sur la stratégie « zéro déchet ». Nous voulons accompagner le changement dans une conception positive de l’écologie. C’est ça qui est important !

« Il y a clairement un nouveau modèle de production de l’urbanisme qui se dessine à Montpellier. »

Sur les plans économique et démographique, l’attractivité de Montpellier ne fait qu’augmenter. Certaines grandes métropoles comme Lyon ou Bordeaux défendent un autre modèle de développement et ne « jouent » plus cette carte de l’attractivité et de la croissance. Qu’en pensez-vous ?

Nous n’avons pas d’héritage industriel comme à Lyon. Il faut qu’on se batte et je mets beaucoup d’énergie pour être aux côtés des entreprises, des organismes de recherche, pour qu’à Montpellier, il y ait des labellisations de dimension européenne comme l’IHU (Institut hospitalo-universitaire) ou sur les ICC, les industries culturelles et créatives. Je me bats aussi pour les secteurs d’activité qui peuvent accompagner le développement économique du territoire et donc de l’emploi : la santé, l’environnement, l’alimentation, les ICC, les énergies renouvelables, le numérique. Tous ces champs d’activité correspondent à ce que doit être, demain, l’économie de transition. Quand le patron d’EDF annonce que c’est à Montpellier que le pôle « monde » du renouvelable sera installé, moi je prends et ça tombe bien !

Et pour ce qui est de l’accueil de nouveaux habitants ?

La métropole ne peut se construire en opposition avec ses territoires voisins. Il faut équilibrer la croissance, travailler les infrastructures de mobilité, de services et de répartition des zones d’activité. C’est pour cela que je m’efforce de nouer des collaborations avec les villes voisines comme Lunel, Gignac et Sète.

Mais comment concilier ces deux défis contradictoires, entre sobriété et attractivité, entre résilience et développement ?

Quand vous avez 27 % des habitants qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, il faut quand même créer des emplois, non ? Sinon, vous aurez une métropole qui ne sera pas résiliente parce qu’elle sera fragmentée. Par contre, il faut consommer l’espace différemment, travailler sur des enjeux de réinvestissement urbain. Il faut protéger, sanctuariser des zones naturelles dans la ville pour permettre à tout le monde de respirer. Il y a clairement un nouveau modèle de production de l’urbanisme qui se dessine à Montpellier. Et ça, c’est le PLUi.

Vous prônez une métropole inclusive et solidaire, mais quid du logement quand celui-ci devient de moins en moins accessible ? Comment casser cette forme d’exclusion qui touche aussi les classes moyennes ?

La question du logement est centrale. Il y a là un sujet national et il faut bien reconnaître que sur cette problématique, la France est en situation d’échec. À part les héritiers, il n’y a aujourd’hui plus grand monde qui peut se loger en France. Donc pour nous, c’est d’abord produire du logement, avec des réserves foncières qui vont le permettre, des zones de densification et de réinvestissement. Ensuite, il faut travailler sur le foncier. Avec l’Office Foncier Solidaire qui a été créé, nous allons pouvoir acquérir le foncier qui servira à la construction de logements en accession à la propriété. La mutation du logement du parc locatif est très importante et il nous faut agir aussi sur la régulation des loyers. On a également voté une régulation pour les locations en Airbnb. Afin d’apporter des solutions satisfaisantes, il nous faut activer tous les leviers possibles.

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