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Grand Paris : des outils pour améliorer la logistique urbaine

par Johan Bataille-Finet
Temps de lecture : 4 minutes

Partout en France, le nombre de livraisons a explosé depuis la mise en place des confinements. Au sein de la Métropole du Grand Paris, l’heure est à l’harmonisation des pratiques et aux innovations.

Par Juliette Kinkela

Comment faire face à l’explosion des livraisons, qui génère des embouteillages, des difficultés de stationnement et de la pollution ? Au sein du Grand Paris, première région économique de France mais aussi territoire le plus peuplé avec 7 millions d’habitants, le défi est ardu. La Métropole et ses 131 communes ont ainsi décidé de développer des outils spécifiques pour améliorer la livraison du « dernier kilomètre ». L’institution dispose, depuis 2018, d’un document de travail sur lequel s’appuyer : le « Pacte pour une logistique métropolitaine ». Cependant, en trois ans, peu de choses ont été faites. La faute au cycle électoral et à la campagne pour les municipales en 2019 puis à la crise sanitaire, d’après la Métropole du Grand Paris (MGP). Mais, aujourd’hui, cette dernière veut accélérer.

« Stationnement intelligent » à paris

Premier objectif : améliorer le stationnement des véhicules de marchandises. Paris, particulièrement concernée par le sujet, est la première à se lancer dans l’expérimentation. La Ville a choisi de s’appuyer sur ses outils réglementaires en publiant un nouvel arrêté. « La longueur remplace désormais la notion de tonnage ou de surface au sol », indique David Belliard, adjoint à la maire de Paris, en charge de la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie. Les véhicules de plus de 16,5 mètres de longueur ont à présent interdiction de circuler. En outre, la présence de véhicules mesurant entre 12 et 16,5 mètres de long n’est autorisée que de 22 heures à 7 heures.

Une simplification qui s’accompagne aussi d’outils numériques. La Ville prépare l’installation « d’aires de stationne- ment intelligent », munies de systèmes de capteurs, mais aussi d’aires de livraison, pilotées à l’aide d’une application déclarative et de boîtiers bluetooth permettant de cartographier les places occupées. « Cela permettra à la Ville de contrôler si les 30 minutes de stationnement sont bien respectées et aux transporteurs de se diriger directement vers l’aire disponible la plus proche », poursuit David Belliard.

Un appel aux maires

La livraison du dernier kilomètre dans la métropole parisienne est aussi source de difficultés pour les acteurs de la logistique. Ces derniers ne disposent pas toujours de plateformes assez proches des centres urbains, notamment pour que des véhicules de plus petit gabarit puissent prendre le relais des plus gros camions. Ici, la Métropole a choisi de se tourner vers les Plans locaux d’urbanisme et encourage les maires à identifier des « parcelles de 5 000 mètres carrés ». À terme, toutes seront intégrées au Schéma directeur métropolitain.

Si une grande majorité des maires semblent volontaires quant à une meilleure gestion de la logistique urbaine, ils sont souvent moins nombreux à vouloir installer des plateformes sur leur territoire. Peu esthétiques, sources de nuisances avec le va-et-vient incessant des camions, ces lieux sont impopulaires. Pourtant, des façons de faire astucieuses voient le jour depuis quelques années grâce aux appels à projets, un autre outil que la Métropole met en avant. Dans le futur quartier parisien de Chapelle International (Paris 18e), Sogaris a fait construire un bâtiment de 45 000 mètres carrés combinant bureaux, espaces logis- tiques, lieux d’enseignement et… toiture dédiée à l’agriculture urbaine. De quoi rasséréner les maires réfractaires.

Développer le fluvial

Le fluvial fait enfin partie des outils que la Métropole souhaite davantage utiliser dans le transport de marchandises. Aujourd’hui parent pauvre de la multimodalité, la voie d’eau, moins polluante que la route, pourrait monter en puissance alors que la qualité de l’air au sein du Grand Paris se dégrade. L’heure est ainsi aux expérimentations du côté des entreprises partenaires de la MGP pour développer la multimodalité.

Depuis quelques mois, « une barge-catamaran qui peut accéder à toutes les voies navigables (…) grâce à son petit gabarit », selon Voies navigables de France, et baptisée Zulu, navigue sur l’Axe Seine. En outre, ce bateau développé par Sogestran peut transporter « jusqu’à 320 tonnes de marchandises (soit le contenu d’environ 15 camions) », voire même des camionnettes jusqu’à la destination finale. Il dispose également d’une grue qui facilite les chargements.

Qu’elles soient réglementaires ou numériques, qu’il s’agisse d’entrepôts nouvelle génération ou de transports alternatifs, les solutions pour améliorer la logistique urbaine ne manquent pas. Expérimentations et bonne volonté sont à présent de mise pour enfin concrétiser ce « pacte pour une logistique métropolitaine ».

Alerte pollution

Lutter contre la pollution de l’air fait partie des grands objectifs du « Pacte pour une logistique métropolitaine » de la Métropole du Grand Paris. Cette dernière a mis en place, en 2019, une Zone à faibles émissions (ZFE). Au sein de ce périmètre situé à l’intérieur de l’autoroute A86, les véhicules très polluants sont interdits à certaines plages horaires. Les véhicules Crit’Air 5 et non classés sont déjà bannis. Dès juin 2021, les Crit’Air 4 également ne seront plus admis. Toujours dans l’optique de lutter contre la pollution, l’institution encourage l’utilisation de véhicules électriques en installant des bornes de rechargement. Métropolis, un réseau de 5 000 bornes développées par les entreprises e-Totem, Spie et Siit, sera prochainement présent dans 17 communes. Les 5 000 bornes devraient toutes être installées d’ici 2022.

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