L’indispensable décarbonation des métropoles

Tribune

Face aux crises énergétiques et climatiques actuelles, les métropoles font l’effet de colosses aux pieds d’argile. Dans toutes les régions, les phénomènes météorologiques extrêmes et les tensions sur les prix de l’énergie révèlent et exacerbent les vulnérabilités de ces géantes qui abritent plus des deux tiers de la population française. La résilience territoriale, c’est-à-dire la capacité d’un territoire à encaisser les chocs actuels et futurs tout en assurant le bien-être de sa population, commence à devenir un sujet central pour beaucoup de collectivités. Pour autant, les réponses apportées sont trop souvent inadaptées.

The Shift Project, think tank créé en 2010 pour accélérer la décarbonation de notre société, a lancé en 2020 un vaste programme pour interpeller et mobiliser l’ensemble des acteurs locaux, à commencer par les élus, dans la mise en œuvre de stratégies de résilience territoriale. En 2021, la première publication intitulée Vers la résilience des territoires recommandait entre autres de consacrer 1 % pour mieux comprendre : 1 % du budget des collectivités à la formation et à la connaissance des enjeux énergie-climat de son territoire. Cette année, le Shift publie six cahiers portant sur les spécificités de six catégories de territoires en matière de résilience climatique, dont les métropoles. Avec cette nouvelle publication, notre objectif n’est pas seulement de sensibiliser les élus des métropoles au fait que les crises sont déjà là. Que celles-ci vont devoir réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et leur dépendance aux énergies fossiles, mais aussi s’adapter aux effets déjà présents du dérèglement climatique.

Revoir les fondations des métropoles

Les élus, en particulier ceux des métropoles, ont le pouvoir d’embarquer leurs concitoyens, mais aussi les territoires de leur aire d’influence dans cette bifurcation inédite pour nos sociétés. C’est même une occasion historique pour revoir les fondations des métropoles, de valoriser leur rayonnement et leurs importantes ressources afin de les rendre durablement plus vivables, plus vivantes et plus solidaires. Il leur faudra se former, bien sûr, bâtir des alliances et des coopérations territoriales avec tous les niveaux de collectivités et devenir de véritables catalyseurs de la transition. Il leur faudra aussi renoncer à certains projets devenus les reliques de visions obsolètes.

Pour que cette transition écologique soit acceptable pour tous, les élus devront d’abord soutenir les plus précaires et tenir compte des inégalités sociales et territoriales particulièrement présentes sur les métropoles. La coopération au sein des territoires – comme entre eux – et l’évolution des modes de gouvernance seront déterminantes. On nous rétorquera peut-être que le coût de la transition écologique est élevé. Mais le coût de l’inaction l’est bien plus. Et les effets sur le bien-être de la population, le lien social et, in fine, la qualité de vie sur le territoire, sont inestimables. »