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REME de Strasbourg : un succès incontestable

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 4 minutes

Une vingtaine de mois après sa mise en service, le Réseau express métropolitain européen (REME) de Strasbourg illustre la capacité de tirer parti de ruptures organisationnelles. Il faudra, néanmoins, attendre encore plusieurs années avant que l’ambition initiale ne soit pleinement atteinte.

Par Olivier Constant

Le REME de Strasbourg a valeur d’exemple pour toutes les collectivités qui préparent leurs futurs Services express régionaux métropolitains (SERM). Pourtant cette ambition audacieuse, issue d’une collaboration étroite entre l’Eurométropole de Strasbourg et la Région Grand Est, n’allait pas de soi tant il fallait changer de paradigme.

Comme l’explique Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est délégué aux Transports et à la Mobilité durable, « nous avions une autre vision du système ferroviaire au travers de la mise en place du REME. Notre objectif était plutôt de nous inscrire dans une trajectoire RER là où SNCF Voyageurs nous proposait, au contraire, de faire du TER augmenté. Nous avons cependant pu progressivement rapprocher nos points de vue, notre travail partenarial réalisé avec SNCF Voyageurs et SNCF Réseau étant à la base de la réussite du REME ».

Un saut d’offre

Même si les objectifs initiaux de 800 trains supplémentaires par semaine n’ont pas encore été atteints, les résultats du REME n’en sont pas moins spectaculaires. Sa fréquentation a progressé de 20 % en 2023 là où le reste du réseau TER n’a connu qu’une hausse inférieure de moitié. Les 650 trains supplémentaires mis en place par semaine ont, en effet, provoqué un choc d’offre de 30 % en semaine et même de 88 % le week-end par rapport à décembre 2022, date de lancement du premier REME français. Surtout, un cadencement plus élevé – toutes les demi-heures de cinq à vingt-deux heures – a été mis en place sur la desserte périurbaine strasbourgeoise ainsi qu’une offre plus développée sur les autres liaisons. En complément, de nouvelles liaisons directes entre Saverne et Sélestat ont été créées, éliminant ainsi la rupture de charge à Strasbourg.

Ces avancées ont été obtenues pour un coût somme toute limité. L’Eurométropole de Strasbourg et la Région Grand Est mobilisent chaque année, pour chacune d’entre elles, une enveloppe de 7 M€ pour financer la nouvelle offre.

Même s’il s’améliore progressivement, le taux de conformité n’a toutefois pas été au rendez-vous. De l’ordre de 65 à 70 % lors du lancement de la nouvelle offre, il atteint aujourd’hui 82 %. C’est encore loin de l’objectif de 92 % inscrit dans le contrat TER conclu avec SNCF Voyageurs.

Toutes ces avancées ont été obtenues pour un coût somme toute limité. L’Eurométropole de Strasbourg et la Région Grand Est mobilisent chaque année, pour chacune d’entre elles, une enveloppe de 7 M€ pour financer la nouvelle offre.

Intermodalité renforcée

Offre renforcée, fréquentation développée mais aussi intermodalité consolidée. C’est le résultat qui a été également atteint grâce au renforcement de l’offre de cars express. Elle s’est notamment développée sur les lignes Strasbourg-Mont-Saint-Odile et Strasbourg-Wasselonne. Ces augmentations vont se poursuivre sur d’autres lignes structurantes avec l’objectif des lignes à rebonds, offrant des liaisons express entre les pôles de la première couronne strasbourgeoise, sans passer par le centre-ville.

Cela inclut, notamment, la mise en place de voies réservées pour les transports en commun sur la M35 et la M351 dans le cadre du projet TSPO (Transport en site propre de l’Ouest strasbourgeois), assurée par l’Eurométropole de Strasbourg et cofinancées par l’État et la Région. Ces développements illustrent la nouvelle répartition des prérogatives entre l’Eurométropole de Strasbourg et la Région Grand Est.

Poursuivre l’élan

Vu comme un exemple par nombre de collectivités locales de par sa position de précurseur, le REME de Strasbourg poursuit actuellement sa consolidation avant sa future transformation en SERM (Service express régional métropolitain). Lancée en début d’année avec la Société des grands projets (SGP), SNCF Réseau et Gares et Connexion et en étroite collaboration avec l’Eurométropole de Strasbourg, la mission de préfiguration du SERM de Strasbourg a pour ambition de produire un schéma d’ensemble, un schéma de gouvernance et un plan de financement d’ici fin 2024. Ce travail s’inscrira en interface avec le projet « Gare à 360 ».

L’objectif est bien d’aboutir aux 800 trains supplémentaires par semaine à un horizon de trois à quatre ans.

Véritable hub du REME de Strasbourg, la gare qui accueille le plus de TER en France – un toutes les 30 secondes en période de pointe – est, en effet, saturée. Destiné à transformer la gare en un véritable hub multimodal, le projet se traduira notamment par l’ouverture de la gare centrale sur l’arrière et par la création d’une nouvelle gare routière desservie par les cars express. La Région Grand Est va, parallèlement, engager 50 M€ pour améliorer les infrastructures ferroviaires (Molsheim, Wissembourg) et plus de 60 M€ pour augmenter les capacités de remisage et de maintenance dans le nœud ferroviaire strasbourgeois. Une autre dotation de 150,8 M€ prévue dans le cadre du Contrat de plan État-Région 2023-2027, permettra de poursuivre cet effort d’investissement.

Car l’objectif est bien d’aboutir aux 800 trains supplémentaires par semaine à un horizon de trois à quatre ans. Cela passera, notamment, par la mise en place de voies supplémentaires à quai en gare de Strasbourg et par la création de nouvelles liaisons directes. La prochaine en date pourrait être Lauterbourg-Offenbourg à l’horizon 2027. À cette échéance, et comme l’indique sous forme de conclusion Thibaud Philipps, « nous pourrions aboutir au but recherché avec la création du REME, à savoir des dessertes à la demi-heure pour toutes les lignes, voire au quart d’heure pour celles les plus fréquentées. Ainsi, et compte tenu de la transformation du réseau en RER, les voyageurs n’auront plus à se soucier des horaires pour prendre leur train. Cela constituera assurément un plus en faveur du report modal qu’appelle la transition écologique ».

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