Lille a été parmi les premières collectivités à lancer son plan de sobriété. Sur une seule année, les mesures prises vont permettre de réduire de 7 % les consommations d’électricité et de gaz. De quoi atténuer les effets de la crise énergétique, en attendant 2023… Les explications d’Audrey Linkenheld, première adjointe au maire en charge de la transition écologique et du développement soutenable.
Propos recueillis par Franck Soler
Quelles sont les principales mesures prises par la ville et la Métropole européenne de Lille pour faire face à la crise énergétique ?
Des mesures de réduction des températures et des périodes de chauffe dans les bâtiments publics, les piscines et les salles de sport ont été prises. C’est, par exemple, deux heures de chauffage en moins en fin de journée. Il y a aussi la réduction de l’éclairage public et l’arrêt de la mise en lumière des monuments, sauf pour la Grand’Place et la place de l’Opéra qui resteront éclairées.
Pour quels effets ?
Avec le plan de sobriété que j’ai annoncé début septembre, pour la ville de Lille, nous visons une réduction de 7 % des consommations sur un seul hiver. Cela représente près d’un million d’euros d’économie.
“On a fait le choix de maintenir la qualité du service public.”
Des impacts sur le service public ?
On a fait le choix de maintenir la qualité du service public. On réduit la température dans les piscines, dans les musées mais on ne les ferme pas. C’est vrai que parmi les mesures les plus impactantes, il y a la fermeture de la serre équatoriale que nous cessons de chauffer. Ce bâtiment qui a besoin d’être lourdement rénové est le premier poste de consommation de gaz de toute la ville.
Et pour 2023 ?
On a passé le cap de l’année 2022. Mais je sais que le contrat de gaz que nous avons renégocié l’été dernier va nous coûter trois fois plus cher. Les conséquences sur les factures, c’est en 2023 qu’on les aura ! Un million d’euros d ‘économie, cela ne suffira pas à compenser la hausse des prix.
Qu’attendez-vous du gouvernement ?
L’aide promise avec l’amortisseur d’électricité – NB : un dispositif visant à réduire la facture des collectivités au delà d’un prix plafond – ne concernera que 60 % de nos factures. Le seuil de 325 euros du mégawatt fixé par le gouvernement est bien trop faible. J’ai fait le compte. Cette aide nous apportera tout au plus un million d’euros. C’est 2023 qui s’annonce difficile. Or, personne ici ne souhaite renoncer aux projets d’investissement que nous avons lancés, d’autant que ces projets sont favorables à la transition écologique et énergétique, à commencer par la rénovation de l’habitat.
“Nous avons tous bien conscience de la nécessité d’accélérer la transition mais aussi de la faire dans la justice.”
Sobriété ou austérité ?
À Lille, nous n’avons pas découvert le terme de sobriété à la faveur de la crise énergétique. La notion de sobriété est inscrite noir sur blanc dans le PCAET – plan climat air énergie territorial – que la métropole a adopté en février 2021. Pour nous, la sobriété est un pilier de la transition, avec l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. Les ambitions sont là. Cela ne veut pas dire qu’atteindre ces ambitions est chose facile. Nous avons tous bien conscience de la nécessité d’accélérer la transition mais aussi de la faire dans la justice. Quand on est dans une ville qui a plus de la moitié de ses quartiers considérés comme prioritaires au titre de la politique de la ville, l’abondance est toute relative. Alors l’austérité, peut être, mais pas pour tout le monde !
Quelles ambitions a la MEL en matière d’autonomie énergétique ?
L’un des objectifs de notre plan climat est de doubler la production d’énergie renouvelable. Aujourd’hui, nous sommes à 4 % de renouvelable produite localement. Et nous souhaitons passer à 8 % en 2026, 11 % en 2030 et 18 % en 2050.
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