Emmanuel Macron a présenté jeudi 2 septembre un plan « historique » pour donner un nouvel élan à Marseille, une ville « plus pauvre que d’autres », touchée en son cœur par les trafics d’armes et les assassinats.
Par Sébastien Fournier
Au terme de deux jours de visite à Marseille très médiatisés, le président de la République a présenté un plan « ambitieux » destiné à répondre aux urgences sociales, éducatives et sécuritaires de la deuxième ville de France. Baptisé « Marseille en grand », ce plan de soutien est « bon pour le pays tout entier », a-t-il plaidé devant un parterre d’élus, d’enfants et de personnalités locales, au cours d’un discours long d’une heure et demie.
Parmi les projets soutenus par l’Etat, Emmanuel Macron a cité notamment l’automatisation du métro, dans une ville qui ne compte que deux lignes pour 870 000 habitants, la création de quatre nouvelles lignes de tramways et de cinq lignes de bus à haut niveau de service. Le président de la République a promis 1 milliard d’euros dont 250 millions de subventions pour mener à bien ces projets.
Après deux mois marqués par une hausse des règlements de compte meurtriers, et même si leur nombre reste moins élevé que dans les années 1980 ou 2010, Emmanuel Macron s’est aussi penché sur la sécurité. Il annoncé une accélération de l’arrivée à Marseille des 300 policiers supplémentaires déjà promis, pour 2022 et non plus 2023, et le financement de 500 caméras de vidéosurveillance.
Emmanuel Macron propose des expérimentations éducatives afin de permettre aux directeurs d’école de choisir les enseignants.
En matière d’éducation, l’Etat viendra en aide pour rénover les 174 écoles délabrées de la ville. Mais le président de la République n’a pas chiffré ce soutien, expliquant qu’il fallait encore du temps pour l’évaluer. Emmanuel Macron a préféré suggérer de nouvelles méthodes, dont des expérimentations éducatives pour permettre aux directeurs d’école de choisir les enseignants ou la mise en place d’un service militaire adapté, comme en Outre-mer, pour redonner des repères à des jeunes.
Parmi les autres mesures annoncées, figure un plan d’action pour réhabiliter 10 000 logements insalubres. Par ailleurs, 169 millions d’euros seront attribués pour rénover les hôpitaux marseillais.
« L’Etat ne va pas mettre d’argent dans le système marseillais (…), il va contrôler son usage »
Pas de chèque en blanc
Prudent, Emmanuel Macron n’a pas annoncé de montant global, refusant les « fausses promesses » face aux attentes « colossales » de Marseille. Il a néanmoins avancé la méthode : deux structures ad hoc seront mises sur pied, sous le pilotage de l’Etat, pour superviser l’utilisation des fonds attribués. Il a donné un impératif de « suivi et de contrôle ». L’occasion pour le chef de l’Etat de pointer la responsabilité des élus locaux dans l’usage de l’argent public. Il a adopté un ton parfois tranchant pour critiquer les problèmes de gouvernance de la Métropole, dirigée par la LR Martine Vassal, accusée de « passer beaucoup trop de temps à redistribuer » au lieu de « porter des projets ». Il a aussi reproché au maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, les dysfonctionnements des services de la mairie, touchés par l’absentéisme et les grèves.
Malgré un accueil chaleureux, des habitants et des élus locaux restaient sceptiques sur ces annonces, alors que de nombreux plans ont été présentés depuis des décennies pour sortir Marseille de ses difficultés. A huit mois de la présidentielle, ce déplacement est largement commenté sur la scène politique, l’opposition de droite concentrant ses critiques sur le bilan sécuritaire d’Emmanuel Macron à Marseille, et au-delà au niveau national, tandis que la gauche demande que l’Etat mette davantage de moyens dans les services sociaux.
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