Cinq cents millions d’euros d’investissement ont été prévus sur le mandat par l’Eurométropole de Strasbourg pour renforcer les mobilités douces et accompagner la mise en place d’une zone à faibles émissions-mobilité. Avec à la clé des chantiers tous azimuts.
Par Bénédicte Weiss
Quelques jours après son élection à la tête de Strasbourg, la maire Jeanne Barseghian (EELV) déclarait sa ville en « état d’urgence climatique ». À son échelle comme à celle de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) dirigée par Pia Imbs (SE), la réponse à cette urgence se traduit par des plans de végétalisation et de désimperméabilisation – dont l’effort qu’ils représentent a été récemment souligné par la Chambre régionale des Comptes Grand Est – mais aussi par une « révolution des mobilités ». Comprendre : l’investissement de 500 millions d’euros sur le mandat dans le vélo et le train, en passant par les transports en commun et la voiture. S’ajoute un plan piétons à l’échelle de la Ville. Le budget annuel des mobilités à la métropole est de 250 millions d’euros dont environ un quart vient de l’EMS elle-même, un quart des usagers des transports en commun et un peu plus de la moitié du versement mobilité des entreprises.
Il s’agit de répondre au dérèglement climatique et à des problèmes de pollution récurrents sur le territoire, mais aussi à l’urgence sociale : le taux de pauvreté s’élève à 25 % dans la ville-centre comme dans la deuxième ville du territoire, Schiltigheim.
Coups d’accélérateur sur le tram
Pour les grandes mesures, l’on peut notamment citer la gratuité des transports en commun pour les jeunes de moins de 18 ans habitant la métropole, mise en place le 1er septembre 2021. Elle bénéficie à 70 00 jeunes issus d’un quart des ménages du territoire. Le gain pour un foyer comptant deux enfants et dont les parents gagnent le SMIC est estimé à six cents euros par an pour un coût annuel de huit millions d’euros pour la collectivité.
Le réseau devrait aussi s’étendre vers le nord d’ici à 2027, pour 268 millions d’euros, avec entre autres conséquences une ouverture de la gare centrale vers l’arrière (actuellement en friche) et la refonte d’un axe structurant (avenue des Vosges) et d’un nœud routier (place de Haguenau) saturés de voitures.
De grands travaux ont été lancés pour étendre le réseau. L’une des six lignes de tramway est en train d’être allongée vers l’ouest pour 122 millions d’euros, en intermodalité avec une autre ligne, des cars interurbains et une ligne de transport en site propre reliant Strasbourg au Kochersberg voisin sur un axe quotidiennement sujet aux bouchons. La mise en service est prévue fin 2025. Le réseau devrait aussi s’étendre vers le nord d’ici à 2027, pour 268 millions d’euros, avec entre autres conséquences une ouverture de la gare centrale vers l’arrière (actuellement en friche) et la refonte d’un axe structurant (avenue des Vosges) et d’un nœud routier (place de Haguenau) saturés de voitures. L’enquête publique est en cours et le débat politique très vif. « Ce projet est climatique, permettant de transformer les mobilités, l’espace urbain et la qualité de vie », plaide Alain Jund, vice-président de l’EMS en charge des mobilités, des déplacements et de la politique cyclable.
Si elle n’est pas encore ouverte « à 360 degrés », la gare est déjà touchée par l’arrivée du Réseau express métropolitain européen (REME), cofinancé par l’EMS et par la Région Grand Est pour 14 millions d’euros par an. Son but affiché : réduire la part de la voiture chez les habitants du Bas-Rhin travaillant à Strasbourg en proposant des cadences plus élevées. Il propose aujourd’hui 650 trains de plus chaque semaine comparé à la veille de sa mise en service en décembre 2022. La fréquentation des lignes a augmenté de 20 %, mais le lancement du réseau a essuyé de très nombreux retards et annulations de trains. Les objectifs du REME ont été de fait revus à la baisse plusieurs fois.
Réduire la place de la voiture
Améliorer la desserte par les transports collectifs doit aussi servir les usagers impactés par la mise en place de la zone à faibles émissions-mobilité (ZFE-m) de Strasbourg, qui bannit pour l’heure les véhicules sans Crit’Air, Crit’Air 5 et Crit’Air 4. L’EMS accompagne sa mise en œuvre par un budget d’aides de 50 millions d’euros. Car Strasbourg cherche bien à réduire la place de la voiture pour des raisons de congestion du trafic comme de santé publique. Cela passe par la restriction d’usage de certains véhicules – les premières restrictions remontant à 2018 pour les services de livraison au centre-ville – mais aussi par un renchérissement du stationnement en voirie. L’autopartage et le covoiturage – avec le lancement d’une plateforme spécifique en mars dernier – sont aussi promus pour lutter contre la voiture individuelle et l’autosolisme.
Dans la même logique, le transport à la demande a été généralisé dans 25 communes de deuxième couronne (il est sollicité par 4 500 voyageurs par jour) et les lignes de bus ont été renforcées depuis le début du mandat avec la création de six lignes « Chron’hop » desservies plus fréquemment que les autres. « Les horaires de certaines lignes ont été étendus récemment, par exemple vers le quartier du Stockfeld, rappelle Alain Jund. Cela permet de rendre les transports en commun plus équitables pour ses habitants comparativement à ceux d’autres quartiers. » À noter que la métropole propose aussi depuis 2022 une offre de transport à la demande pour les voyageurs handicapés.
Mise en selle
Cent millions d’euros sont encore sur la table pour étoffer le réseau cyclable et prévoir des pistes sur et entre chacune des 33 communes de la métropole. Cela passe par la création de liaisons directes comme par l’élargissement de pistes.
Mais promouvoir le vélo passe aussi par la mise en selle des habitants, avec des séances d’apprentissage en milieu scolaire comme auprès d’adultes, notamment dans les quartiers de politique de la Ville. Des aides sont aussi délivrées, sous conditions de revenus, pour l’achat d’un vélo à assistance électrique (VAE). « Il permet des trajets domicile-travail plus longs qu’un vélo non électrique », souligne Alain Jund. La location de vélos restant possible via le service Vel’hop qui propose plus de 6 000 vélos dont certains adaptés au handicap, au grand âge et aux enfants.
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