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Des besoins en matériels roulants très conséquents

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 4 minutes

Pour faire face à l’augmentation de trafic attendue mais aussi pour assurer le renouvellement des matériels actuellement utilisés sur les réseaux urbains et ferroviaires, un flot de commandes de nouveaux équipements devrait intervenir au cours des prochaines années. Leur financement pourrait, toutefois, poser problème.

Par Olivier Constant

L’augmentation des parcs de matériels urbains et ferroviaires ainsi que leur renouvellement n’ira pas forcément de soi au cours des prochaines années tant il existe de nombreuses incertitudes quant à leur financement. C’est donc une lourde inconnue qui prévaut pour faire face à la croissance du trafic attendu.

La capacité des constructeurs, notamment ferroviaires, à respecter les délais de livraison constitue une autre source d’inquiétude, les retards étant, parfois, de plusieurs années comme cela a été le cas pour le RER NG mais aussi pour d’autres matériels.

Nouvelles technologies dans l’urbain

S’agissant des matériels urbains, la position d’Alstom au cours des prochaines années devrait rester solide même si le constructeur n’a pas été en mesure de remporter l’important marché de soixante-dix-sept rames de tramway passé par Montpellier Métropole au profit de CAF. Ce dernier a également été lauréat à Marseille dans le cadre des extensions du réseau (15 rames). La création de nouvelles lignes (Brest, Tours…) ainsi que le renouvellement du parc de TFS (à Nantes et Grenoble) devraient permettre à ce secteur de rester très dynamique au cours des prochaines années.

Les évolutions technologiques seront scrutées de très près par les autorités organisatrices des transports (AOT) au cours des prochaines années.

Les évolutions technologiques seront scrutées de très près par les autorités organisatrices des transports (AOT) au cours des prochaines années. Parmi celles-ci figurent des modalités différentes d’alimentation par le sol (à l’instar du SRS déployé à ce jour uniquement à Nice), l’introduction d’assistances à la conduite (gestion des angles morts) voire d’automatismes même en milieu ouvert (expérience en 2022 en Allemagne à Potsdam) ou en atelier (expérience en 2023 sur le T7 francilien).

Côté métro, le marché reste dominé par les importants besoins parisiens (remplacement des MF67 et MF77 et nouveaux besoins du Grand Paris Express). Lyon a, pour sa part, engagé le renouvellement de son parc avec les MPL16 (Alstom) en lien avec l’automatisation de la ligne B. Marseille procède, de son côté, aux essais des rames Neoma (Alstom), elles aussi automatiques. Au-delà de Toulouse qui construit sa troisième ligne à grand gabarit, « Lille reste toujours en difficultés avec Alstom quant à l’augmentation de capacité de son réseau alors que se profile rapidement la fin de vie des premiers VAL206 de 1983. Rennes a essuyé, enfin, les plâtres du Neoval de Siemens, lequel demeure actuellement sous observation », détaille un bon connaisseur des transports urbains.

En marge des nouveaux besoins découlant de la création de nouvelles lignes de BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) ou de la décarbonation des flottes de bus urbains, des systèmes anciens mais qui ont fait leurs preuves pourraient continuer à obtenir les faveurs des AOT.

En marge des nouveaux besoins découlant de la création de nouvelles lignes de BHNS (bus à haut niveau de service) ou de la décarbonation des flottes de bus urbains, des systèmes anciens mais qui ont fait leurs preuves pourraient continuer à obtenir les faveurs des AOT. L’exemple le plus parlant est le trolleybus, ce dernier ayant évolué pour se passer de sa motorisation thermique d’appoint, au profit de batteries. Limoges, Saint-Étienne et Lyon ont réinvesti en ce domaine, Nancy faisant de même pour tourner la page du TVR (transport sur voie réservée).

Le deux niveaux en poupe pour le TER

Dans le secteur ferroviaire régional, il faudra bien pourvoir au remplacement d’une flotte importante de matériels TER. Sont en particulier visés les X 72500, puis les X 73500. Du fait que la plupart de ces engins ne sont pas concernés par la réalisation d’une opération mi-vie, ils sont condamnés à plus ou moins brève échéance. Un nouvel appel d’offres devra donc être passé par les Régions pour pourvoir à leur remplacement… à moins d’envisager de nouvelles modalités (fourniture du matériel par l’opérateur lauréat d’un contrat de service public, par exemple).

L’extension du parc ferroviaire est motivée à la fois par les fortes croissances de fréquentation (plus de 10 % par an) mais aussi par la création des SERM.

Mais les besoins les plus importants semblent concerner les rames à deux niveaux. Alstom devrait donc recevoir de nouveaux engagements d’achat pour son Regio 2N, déjà commercialisé à plus de 550 exemplaires. Il reste encore de la marge puisque l’accord-cadre conclu au moment de son lancement prévoyait la fabrication d’un maximum de 860 rames. Cette extension du parc est motivée à la fois par les fortes croissances de fréquentation (plus de 10 % par an) mais aussi par la création des SERM. Il devrait donc en découler l’acquisition de nouvelles rames pour forcer la composition des rames (passage à des unités multiples doubles, ou triples), l’augmentation des fréquences en journée et le week-end pouvant cependant, être réalisé à parc constant.

Enfin, s’il est souvent question de nouveaux trains dits innovants et légers pour les « petites lignes » (TELLI, Draisy, Flexy, Ecotrain, Flexmove), l’évolution des trafics, les attentes du public (vélos, bagages, personnes à mobilité réduite), les nécessités techniques (l’accès à ces lignes impliquant l’emprunt du réseau structurant) et le cantonnement à un nombre réduit de lignes aux besoins individuels limités ne leur procurent pas, à ce stade, un niveau de maturité technique, commercial et économique suffisant. D’ailleurs, l’expérimentation de la navette légère Taxirail a fait long feu du fait de l’absence de financement. Les difficultés à obtenir les homologations pourraient également constituer un frein à l’introduction de ces nouveaux matériels.

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