En contrepartie d’un plan de soutien de 7 milliards d’euros, l’Etat a demandé à Air France de réduire ses lignes intérieures entre l’aéroport de Paris-Orly et des villes de province situées à moins de 2h30 en train. La desserte de Bordeaux est concernée. Les élus de Nouvelle-Aquitaine s’opposent à cette décision. Ils redoutent un impact économique important sur la filière aéronautique de la région.
Par Issam Lachehab
La compagnie nationale Air France est durement touchée par le crise du Coronavirus. Plus de 70 % de sa flotte est clouée au sol. L’Etat est venu à la rescousse en proposant au groupe aérien un emprunt de 7 milliards d’euros, comme annoncé par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, le 4 mai dernier. Mais en contrepartie, en vertu de l’exigence environnementale, le gouvernement a demandé à la compagnie de supprimer des lignes intérieures quand « le trajet peut se faire en moins de 2h30 en train ».
En Nouvelle-Aquitaine, les élus s’organisent pour tenter de sauver la ligne Paris-Bordeaux concernée par cette annonce. Dans une lettre signée conjointement, le président de Bordeaux Métropole, Patrick Bobet (LR), le président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset (PS), le maire de Bordeaux, Nicolas Florian (LR), le maire de Mérignac, Alain Anziani, (PS), et la CCI Bordeaux Gironde, s’opposent à cette décision qui « remet en question les projets de développement dans la région bordelaise ».
Une catastrophe économique
La navette Paris-Orly Bordeaux représente actuellement en semaine dix vols quotidiens, soit 1,21 millions de passagers en 2019. « Nous avons une navette qui n’est pas touristique, mais qui aide les salariés à se déplacer », affirme Alain Anziani. C’est le cas dans le secteur aéronautique qui pèse localement 35 000 emplois. Les entreprises envoient beaucoup de cadres et de techniciens à Paris, et comme elles sont situées sur la plateforme de l’aéroport, l’avion semble être le meilleur moyen de transport. « Thalès ou Dassault ne comprennent pas qu’on leur complique leurs méthodes de travail », écrivent-ils. Supprimer la navette conduirait à une catastrophe économique selon eux.
Au-delà de l’aspect économique, les élus critiquent un « choix maladroit » en matière d’environnement. Selon eux, il serait plus utile d’agir sur le numérique que sur l’aérien qui pèse deux fois moins en terme d’impact sur l’environnement. Un argument partagé par le président de l’Union des aéroports Français, Thomas Juin : « Les émissions de gaz à effet de serre des avions représentent 2 à 3 % des émissions totales produites dans le monde. Et 80 % de ces émissions concernent des vols de plus de 1 500 kilomètres », explique-t-il.
Plusieurs lignes intérieures en péril
La décision prise le gouvernement ne concerne pas seulement la desserte de Bordeaux. Les lignes reliant Paris-Orly à Nantes et Lyon sont aussi menacées. Celles-ci sont pour l’instant suspendues en raison de la crise sanitaire. Mais Air France entend bien les exploiter de nouveau dès le mois de juillet. La compagnie devrait commencer à réduire son offre sur le réseau domestique à compter de 2024.
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