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Interview d’Olivier Landel : « le bon sens devrait l’emporter »

par Johan Bataille-Finet
Temps de lecture : 3 minutes

Olivier Landel, délégué général de France urbaine, commente pour nous les résultats de l’enquête réalisée avec le concours de l’association des élus urbains. Il précise le degré d’optimisme des maires de grandes villes et présidents de métropoles. Et explique pourquoi les politiques publiques ne seront plus aujourd’hui comme avant.

Propos recueillis par Sébastien Fournier

Les élus urbains sont pleins d’optimisme en faveur d’une sortie de crise en 2021. Pourtant, la situation sanitaire se dégrade. N’y-a-t-il pas une contradiction ?

Les élus urbains sont pleinement conscients de la situation actuelle. Une grande partie de leur activité est liée encore aujourd’hui à la gestion de la crise. Mais il y une volonté collective d’optimisme. Ils veulent notamment être au rendez-vous de la relance. Le sujet n’est évidemment pas de réclamer de l’argent à l’État mais de pouvoir accompagner la reprise économique que tout le monde espère et que beaucoup considèrent comme possible.

« L’État a plutôt intérêt à financer et accélérer des actions déjà engagées dans les territoires plutôt qu’à faire des promesses de financement. »

Est-ce que les élus croient au plan de relance décidé par l’État ?

Nous n’en sommes pas encore là parce qu’il n’y a toujours pas d’articulation entre le plan de relance, qui a été conçu en tuyaux d’orgue au niveau ministériel, et les finances territoriales, qui ont la vertu d’accompagner les politiques publiques. À ce stade, l’accord de méthode pour la relance que France urbaine a signé avec le gouvernement est un acte de foi. On a mis sur la table tous les sujets qui doivent être traités si l’on veut faire cette articulation.

Pour l’instant, le gouvernement continue comme avant, avec une méthode de type appels à projets. Ce n’est pas forcément ce dont on a besoin pour que le plan soit efficace. L’État a plutôt intérêt à financer et accélérer des actions déjà engagées dans les territoires plutôt qu’à faire des promesses de financement de projets en gestation ou pas encore pensés. Les élus estiment que le bon sens devrait l’emporter.

Sur le volet social, en particulier la question des jeunes, les élus montrent une grande inquiétude pour l’avenir. Faut-il mobiliser davantage de moyens ?

Nous ressentons cette inquiétude depuis un moment déjà, avec de premières alertes dès le mois de septembre. France urbaine avait alors présenté sa contribution pour la relance en mettant l’accent sur le volet social. Nous avons confié une mission à Mathieu Klein, maire (PS) de Nancy, président de la commission Solidarités à France urbaine, pour explorer la question de l’accompagnement de la jeunesse à moyen et long termes. L’idée n’est pas de répondre seulement à la crise mais d’apporter des réponses structurelles, notamment en matière d’insertion et d’emploi.

Est-ce aux collectivités de s’en saisir à l’instar de Lyon qui va mettre en place prochainement un RSA jeunes pour ceux qui ne peuvent prétendre aux dispositifs de l’État ?

Si les collectivités le font, c’est parce qu’il y a un déficit des autres acteurs. Lorsqu’on est au quotidien auprès des gens, on répond à leurs besoins. Face à l’urgence, il faut agir. Sur de nombreux sujets, si on attendait que ça bouge, on perdrait réellement du temps. L’avantage des collectivités locales, c’est qu’elles sont réactives.

« Les solutions applicables partout sur le territoire, décidées d’en haut sans trop savoir comment ça se passe sur le terrain, ne sont pas la bonne réponse. »

Les élus urbains considèrent que la crise modifie durablement la façon de concevoir les politiques publiques. Aussi doivent-ils les réinventer ?

D’abord, le contexte nous montre que les solutions applicables partout sur le territoire, décidées d’en haut sans trop savoir comment ça se passe sur le terrain, ne sont pas la bonne réponse. À France urbaine, nous défendons les initiatives qui partent du bas, adaptées aux territoires. Nous allons justement évaluer ces différentes dynamiques pour savoir ce qui marche afin que les solutions des uns deviennent les outils des autres. C’est une nouvelle façon de concevoir les politiques publiques. Ensuite, nous faisons face à des acteurs nouveaux : des citoyens, des entreprises, des associations mettent en place un certain nombre de solutions qui étaient traditionnellement l’apanage de la sphère publique. Beaucoup d’initiatives sont prises dans la mobilité avec le free-floating ou dans le recyclage voire l’éducation. Aujourd’hui, la puissance publique locale doit intégrer cette façon de faire. Dernier point : pour répondre à la crise, là où il y avait déjà des habitudes de travail collectif, on a pu faire vite et bien. La crise met en évidence que les politiques publiques ne peuvent plus se concevoir d’un seul endroit et en silo.

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