Une victoire du RN aux élections législatives des 30 et 7 juillet pourrait remettre en question la place et le rôle des métropoles. Les élus locaux s’en inquiètent dans l’attente des résultats.
Par Martin Batko et Sébastien Fournier
Après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par le président de la République, les institutions sont désormais suspendues aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet, dont les résultats promettent d’ores et déjà une recomposition inédite du paysage politique. Parmi elles, les collectivités territoriales et leurs exécutifs se demandent comment elles vont pouvoir tirer leur épingle du jeu et composer potentiellement avec un chef du gouvernement ou une partie du gouvernement Rassemblement national (RN).
Les associations d’élus vont-elles garder un principe de neutralité ?
Comme c’est le cas en pareille circonstance, des élus locaux à la tête d’associations de collectivités territoriales s’engagent dans la bataille : Johanna Rolland, maire PS de Nantes et présidente de France urbaine, œuvre au rassemblement de la gauche, ou encore David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France, soutient 70 candidats réunis sous la bannière Nouvelle Énergie, en étant lui-même suppléant de la députée sortante de la 8e circonscription des Alpes-Maritimes, Alexandra Martin. De son côté, le maire divers droite de Châteauroux, et président de Villes de France, Gil Averous, prend ses distances avec la Macronie, refusant d’être le suppléant du député sortant Horizons de la 1ère circonscription de l’Indre, François Jolivet. Si ces associations se défendent de toute ingérence politique, leur neutralité politique peut être soumise à rude épreuve… Comment vont-elles demain se positionner sur des textes de loi et composer avec un gouvernement qui laisse craindre de profondes divisions en leur sein ?
Avec le RN au pouvoir, des villes et métropoles en souffrance ?
Si le RN, dont l’approche est ruraliste et départementaliste, devait accéder au pouvoir, les métropoles pourraient être malmenées, celles à qui l’on prête l’image d’enclaves riches et privilégiées au dépend de territoires péri-urbains et ruraux dévitalisés par la fermeture de services publics.
En réalité, quels que soient les résultats nationaux qui aboutiront après le 7 juillet à la composition d’un nouveau gouvernement, les maires de grandes villes et présidents de métropoles auront tout intérêt à montrer leurs muscles.
Précisément, l’intercommunalité pourrait être remise en cause. Marine Le Pen, n’avait-elle pas dit en cours de la présidentielle de 2022 que la commune ne doit pas déléguer une compétence qu’elle exerce mieux que l’intercommunalité ? En outre, les élus de grandes villes ne cachent pas leur inquiétude sur la façon dont le prochain gouvernement pourrait reprendre à son compte des dispositions qui les concernent. Comme la loi SRU, et l’obligation d’une part de logements sociaux par commune, ou les aides à la transition écologique dont les métropoles souhaitent une massification des fonds à leur attention car elles émettent les 2/3 des gaz à effet de serre. Que dire également des « Zones à faible émission » (ZFE) ou encore le « Zéro artificialisation nette » (ZAN), dispositifs jugés inadaptés aux réalités sociales et qui font l’objet de dissensions entre le monde urbain et le monde rural ?
En réalité, quels que soient les résultats nationaux qui aboutiront après le 7 juillet à la composition d’un nouveau gouvernement, les maires de grandes villes et présidents de métropoles auront tout intérêt à montrer leurs muscles. Si la percée du RN aux élections européennes dans la plupart des grandes villes se confirme aux législatives, même si celle-ci a été ici contenue, elle devrait amener les élus locaux à se repositionner dans la perspective des élections municipales de 2026…
Lire sur le même sujet :