Partie prenante à l’organisation des JO, la Métropole du Grand Paris a organisé avec plusieurs collectivités la transformation de certains équipements pour les faire vivre après les épreuves au bénéfice de la population. Le Centre aquatique olympique n’est pas le seul concerné.
Par Marc Fressoz
Dire que les élus de la métropole ne sont pas peu fiers de leur Centre aquatique olympique (CAO) est un euphémisme. En premier lieu parce que ce magnifique bâtiment brillera sous le feu des projecteurs à partir du début des JO jusqu’en septembre. Sous son toit profilé comme une vague se tiendront la plupart des épreuves de natation, hormis celles de nages en ligne, localisées à La Défense Arena : plongeon, natation artistique et phases qualificatives de waterpolo.
Le Centre aquatique olympique constituera un nouveau repère dans le paysage urbain de la Seine-Saint-Denis à côté du Stade de France, avec une fonction pérenne et multiple.
Construit spécialement pour l’olympiade de 2024 moyennant un budget de 175 millions d’euros (cofinancé à 50 % par l’État et à 50 % par une contribution de la Métropole du Grand Paris (MGP), de la Ville de Paris, de la région Île-de-France, du département de la Seine-Saint-Denis et de l’Établissement public territorial Plaine commune), sa raison d’être ne s’évanouira pas pour autant avec les JO. Cet élégant bloc constituera un nouveau repère dans le paysage urbain de la Seine-Saint-Denis à côté du Stade de France, avec une fonction pérenne et multiple : le CAO et ses multiples bassins pourront servir à la tenue de compétitions internationales (le championnat d’Europe de natation s’y tiendra en 2026), à l’installation permanente d’une fédération de sport aquatique, à des activités de loisirs élargies (escalade, paddle, etc.), mais par-dessus tout à l’apprentissage de la natation par les scolaires de Saint-Denis et du département de la Seine-Saint-Denis, une des visées sociales de l’héritage. Sans parler bien sûr de la mise à disposition d’un tel équipement pour les riverains.
« Nous allons sextupler notre capacité d’accueillir des scolaires, des habitants, du grand public, grâce à cet outil », se réjouissait l’an passé l’adjointe aux sports de la mairie de Saint-Denis, Shems El Khalfaoui dans les colonnes de Ouest France, sachant qu’actuellement quelque 70 groupes scolaires devaient se partager une seule piscine, la Baleine. « Pour les habitants, il ne reste plus que 28 % de créneaux, et pas dans les meilleures heures », soulignait-elle encore.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme
Demeurant le maître d’ouvrage du CAO, la MGP continuera de fixer les orientations. Mais l’inscription de l’infrastructure dans la vie quotidienne sera du ressort d’un consortium, Simbala, à qui la MGP a confié une délégation de service public et au sein duquel la société Recréa sera chargée de la gestion. Basée à Caen, celle-ci a déjà à son actif de nombreux contrats d’exploitation de piscines et centre aquatiques en France. En Île-de-France, elle s’est vu confier des équipements à Meudon, Issy-les-Moulineaux, Yerres, Draveil…
« À l’évidence, les JOP accélèrent le processus de rééquilibrage des territoires », souligne Patrick Ollier, le président de la Métropole.
À l’inverse du CAO, les équipements créés pour les autres épreuves de natation des JO qui auront lieu à la Défense sont-ils voués à ne laisser aucune trace ? Le parallèle peut s’avérer trompeur à première vue. Installés dans l’Arena de la Défense, les bassins olympiques sont certes éphémères. En effet, cette salle omnisport a vocation après les JO à redevenir une enveloppe vide, vouée à l’organisation de concerts, d’événement sportifs comme le tournoi de tennis de Paris qui a quitté Bercy.
Pour autant rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme puisque la reconversion des bassins de 50 mètres a été anticipé et va donner lieu à un exemple d’héritage partagé. « À l’évidence, les JOP accélèrent le processus de rééquilibrage des territoires », souligne Patrick Ollier, le président de la métropole avant d’en fournir un exemple. En effet, les bassins seront réinstallés dans deux communes, Sevran et Bagnolet-Est, où le manque d’infrastructures est criant. Ce développement et le plan Piscines Héritage 2024 soutenue par la Métropole orienté vers six autres communes se complète.
Mitoyenne de Paris, la Seine-Saint-Denis se réjouit de l’effet JO. La compétition mondiale apporte un autre legs à Bobigny à travers le Pôle de référence inclusif sportif métropolitain (PRISME) dont les portes s’ouvriront au grand public en octobre 2024. Il sera lui aussi géré par un délégataire de mission. En réalité, utilisé pour l’entraînement d’équipes de handball, son usage durant l’été olympique sera limité. Le PRISME prendra toute son ampleur après avec sa vocation unique en matière d’accessibilité universelle. Il accueillera en priorité les fédérations, les associations sportives, les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) accueillant des personnes en situation de handicap (PSH) et les scolaires proposant des activités aux PSH.
Des marges de manœuvre financière
Le département présidé par Stéphane Troussel s’impliquera aussi pendant les JO, en assurant la gestion par délégation de service public du Centre aquatique départemental Annette Kellermann à La Courneuve et du PRISME. « Nous assurerons également la gestion des quatre terrains de rugby créés au sein du parc départemental des sports de Marville à La Courneuve pour les entraînements des épreuves de rugby. », ajoute-t-il.
Reste que l’héritage matériel s’accompagne également d’une charge financière récurrente pour les collectivités.
Reste que l’héritage matériel s’accompagne également d’une charge financière récurrente pour les collectivités, moins réjouissante à assumer car le fonctionnement de ces infrastructures publiques sera par nature déficitaire. « À notre connaissance, l’État n’a pas prévu d’augmentation de l’aide sur les coûts de fonctionnement des équipements, constate le département. Le débat budgétaire de l’automne 2025 devra aborder ces enjeux qui sont les conditions d’un héritage des Jeux qui se poursuit dans le temps. » Toutefois « des marges de manœuvres financières existent, comme le déplafonnement de la taxe affectée à l’Agence nationale du sport qui provient de la taxation des opérateurs de paris sportifs en ligne qui feront des bénéfices records chaque année », indique-t-on dans l’entourage de Stéphane Troussel. La Métropole, quant à elle, a naturellement prévu un budget pour assumer le fonctionnement du CAO.