L’école gratuite de code informatique, qui fait partie d’un réseau mondial de 43 campus créé par Xavier Niel, a enregistré plus de 2 500 candidatures depuis son ouverture. Zoom sur ce nouvel établissement qui prend place au cœur de l’écosystème numérique mulhousien prénommé KMØ.
Par Aurélien Jouhanneau
C’est un projet au long court qui a abouti à l’hiver dernier : l’ouverture, sur 800 mètres carrés, de l’école 42 au cœur de KMØ, qui n’est autre que la Cité numérique de Mulhouse basé dans le quartier de la Fonderie. « La genèse de cette école remonte à 2017, suite à une rencontre entre Jean Rottner, ancien maire de Mulhouse et actuel président de la région Grand Est, et Xavier Niel, fondateur du réseau mondial 42. Ensemble, ils ont souhaité créer un campus avec une dimension transfrontalière », rappelle Caroline Porot, directrice de l’école de codage information mulhousienne. S’en est suivi quatre ans de négociations entre E-NOV Campus, association qui anime KMØ, et le réseau 42 Network pour créer de A à Z 42 Mulhouse Grand Est. Un projet qui peut se targuer d’avoir réuni une pléiade d’acteurs publics pour le financer… Citons la région Grand Est, la collectivité européenne d’Alsace, Mulhouse Alsace Agglomération et la ville de Mulhouse. Pour mémoire, l’établissement a nécessité un budget d’investissement de 700 000 €. Quant à son coût de son fonctionnement, il se situe entre 750 000 € et 1 millions d’euros.
Inclusivité
Il faut dire cette école 42 – on en dénombre 43 à l’international sous la forme de campus – coche toutes les cases de l’inclusivité : gratuite, elle accueille des étudiants sans limite d’âge et sans prérequis de diplôme. « 80 % de notre public sont des demandeurs d’emploi. Parmi les différents profils, nous avons des jeunes issus des quartiers prioritaires, des bénéficiaires du RSA et des profils très pointus à l’instar d’un docteur en médecine et génie civil. » Surtout, pour la métropole de Mulhouse – comme pour le Grand Est – l’école 42 représente un futur vivier de talents pour sa filière numérique. Développeurs, informaticiens, responsables en cybersécurité, spécialistes de l’intelligence artificielle…, les étudiants sont formés pour pourvoir les emplois de demain dans les entreprises et collectivités locales. « Un secteur en pénurie croissante de profils », rappelle Caroline Porot. Selon la DARES, en 2030, il y a aura 115 000 postes d’ingénieurs de l’informatique en plus – soit une hausse de 26 % versus 2019.
Une Piscine comme concours d’entrée
Pour devenir étudiant de l’école 42 Mulhouse Grand Est, le processus d’admission se joue en deux étapes. Une fois un test réalisé sur la plateforme en ligne, le postulant intègre la Piscine pendant 26 jours. « Ce concours a pour objectif de plonger nos futurs étudiants dans le grand bain du développement informatique, explique sa directrice. Sans cours, ni professeurs, les étudiants n’ont pas d’autre choix que de s’entraider pour progresser.
Des étudiants à l’école 42 à Mulhouse © DR
« À la fin de chaque Piscine, nous menons des évaluations pour choisir les profils les plus adaptes à intégrer la formation. La motivation est par ailleurs l’un de nos premiers critères de sélection. » Preuve cet établissement d’un nouveau genre réalise un carton plein : sur plus de 2 500 candidats qui se sont inscrits sur la plateforme, environ 200 ont rejoint la Piscine. « Pour notre prochaine session de juillet, nous avons déjà plus de 80 inscrits », se félicite Caroline Porot. Pour chaque Piscine – à raison de trois chaque année –, l’école 42 retient près de 50 profils. Une fois intégrés, ces étudiants se voient proposés un parcours oscillant entre un et trois ans pour se former aux métiers du numérique. À noter : le campus 42 mulhousien est ouvert 24h/24 tous les jours de l’année. « De cette manière, nous pouvons jusqu’à 450 étudiants. Si la demande est plus forte que l’offre actuelle, nous pourrons bien évidemment pousser les murs. »
Un cercle vertueux
KMØ – qui prend racine sur 11 500 mètres carrés dans l’ancienne usine de la SACAM – était le lieu idéal pour héberger l’école 42. Ici, depuis 2019, pas moins de 40 structures (industries, start-up, centres de formation…) ont pris place pour former la Cité du numérique dédiée à l’industrie du futur. « Avec cet écosystème foisonnant, nos étudiants sont en prise directe avec les entreprises et peuvent y réaliser des stages. De cette manière, nous participons à cercle vertueux pour le marché de l’emploi. », estime Caroline Porot. Et ce n’est pas Jean Rottner, président du Grand Est, qui dira le contraire… « 42 Mulhouse Grand Est s’inscrit pleinement dans la stratégie numérique régionale et les défis du Business Act Grand Est, d’engager et d’accélérer la transformation numérique de nos territoires pour être plus que jamais une Région d’audace, d’anticipation et d’innovation, au cœur de l’Europe. »
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