La France du sport souffre d’un paradoxe : alors que plusieurs disciplines brillent par leurs bons résultats et que deux grands événements sportifs vont avoir lieu, la Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques et paralympiques (JOP 2024), la gouvernance du mouvement sportif semble plus que jamais engluée dans des affaires à répétition. Autant de feuilletons qui plombent la dynamique.
Par Martin Batko
Fédération française de sports de glace, Fédération française de football, Fédération française de rugby, Paris 2024 : les affaires se suivent et se ressemblent pour le monde sportif, plombé par des cas d’agressions et d’harcèlement sexuels, de détournement de fonds publics ou encore de prise illégale d’intérêts. La récente démission de la présidente du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) Brigitte Henriques, à peine un an après sa prise de fonction, est symptomatique d’une gouvernance sportive aux abois.
Une actualité qui rappelle la récente loi visant à démocratiser le sport, promulguée le 2 mars 2022, laquelle entend renforcer l’éthique dans le sport et inscrire un peu mieux les fédérations dans leur époque : limite du cumul des mandats, stricte parité à partir de 2024 dès renouvellement des instances dirigeantes, transparence financière, renforcement de la lutte contre les agissements sexistes et sexuels… De quoi suffire ? Si certaines fédérations montrent patte blanche et font preuve de volontarisme, elles cachent en réalité une forêt qui nécessite encore des marges d’évolutions importantes et urgentes.
Fédérations : une (re)prise en main de l’Etat
Depuis sa nomination, la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques 2024, Amélie Oudéa-Castéra, a eu un rôle significatif dans les démissions successives des présidents de fédération. Si elle n’est pas en mesure d’interférer dans leur gestion, la ministre a su faire pression auprès des instances fédérales, qui disposent d’une délégation de service public « tamponnée » par le ministère des Sports.
Le Parlement s’en mêle également : l’Assemblée nationale devrait mettre en place une commission d’enquête relative à l’identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises, du monde sportif et des organismes de gouvernance. Les leviers d’amélioration reviennent d’ailleurs périodiquement dans le travail parlementaire.
Selon les conclusions qui seront rendues, la perquisition dans les locaux de Paris 2024 ou encore à la Solideo, organisme chargé de livrer les équipements pour les JOP 2024, pourrait écorner l’image d’exemplarité que souhaite arborer les prochains Jeux. Outre l’adhésion populaire fragile, il y a un risque de désolidariser à terme les collectivités locales, à commencer par les grandes villes, maillon primordial pour faire vivre l’olympisme et le paralympisme dans les territoires.