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La 3e ligne de métro à Toulouse, c’est parti ?

par Jarod Charbit
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Après plusieurs mois d’incertitude, le chantier de la 3e ligne de métro devrait démarrer : le préfet a signé, mi-avril, l’autorisation environnementale. À l’issue des travaux, cette liaison transversale devrait être mise en service en 2028 et compléter ainsi la desserte du sud de la métropole.

Les travaux de la 3e ligne de métro et de la ligne Aéroport Express – qui doit connecter cette 3e ligne à l’aéroport – doivent   débuter tout prochainement. « Une excellente nouvelle pour les Toulousains et l’ensemble des habitants de la métropole », s’est félicité Jean-Luc Mondenc, le maire de Toulouse. L’autorisation environnementale, signée le 15 avril dernier par le préfet de Haute-Garonne Étienne Guyot, fait suite à l’avis favorable délivré par le Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST) sur l’impact notamment du projet en matière de santé publique. Cette enquête publique environnementale était en effet l’ultime échéance avant le lancement du chantier. Avec ses 27 kilomètres – autant que les deux premières lignes réunies –, ses 21 stations entre Labège et Colomiers via la gare SNCF Matabiau et ses connexions aux autres modes de transport (bus, vélo…), cette nouvelle liaison de métro représentera « le projet le plus structurant » du territoire, avait déjà indiqué l’édile de la Ville rose.

Optimiser le réseau

Cette 3e ligne de métro permettra de compléter le réseau de la métropole, organisé en étoile, en constituant un axe transversal, au sud. Objectif : desservir, sans passer par le centre, les grands sites d’emploi du territoire métropolitain tels que le pôle aéronautique à Blagnac, Ramassiers à Colomiers, Basso Cambo ou encore Toulouse Aerospace à Montaudran. Airbus, qui réunit 25 000 emplois, sera ainsi desservi par 5 stations.

Porté depuis 2014 par la Métropole, cette nouvelle ligne de métro vise par ailleurs à réduire le bilan carbone et à alléger le trafic automobile en permettant à 200 000 voyageurs par jour de l’emprunter. Chaque jour, selon l’enquête prévisionnelle de la Métropole, ce seront ainsi de 75 000 à 90 000 déplacements en voiture qui seront évités. « Nous en avons besoin pour améliorer la vie quotidienne des habitants, pour raccourcir le nombre de trajets domicile-travail et pour respirer un air de meilleure qualité », précisait Jean-Luc Moudenc.

2,8 milliards d’euros de budget

Dotée d’un budget conséquent – son coût est estimé à 2,8 milliards d’euros, dont une subvention de 200 millions d’euros de l’État au titre du Plan France Relance –, la 3e ligne de métro constituera l’un des chantiers « les plus importants de l’histoire de Toulouse ». En effet, il faudra compter six ans de gros travaux sous la direction de Tisséo Collectivités. Jean- Jacques Laporte en est le directeur de projet technique. « Les appels d’offre ont déjà été passés et les marchés attribués, nous attendions l’autorisation du préfet pour entrer dans la phase opérationnelle », explique-t-il. « Désormais, les travaux préparatoires aux constructions peuvent démarrer : d’ici fin 2022, il faut libérer les sites, démolir du bâti à l’emplacement des futures stations, déplacer certaines espèces animales et s’assurer qu’il n’y a pas de vestiges archéologiques. » Ensuite, débuteront les travaux de génie civil, c’est-à-dire la construction des stations, des puits d’accès de sécurité et des tunnels. Ces travaux seront lancés à la fin de l’année et dureront jusqu’au début de 2026. « Le chantier mobilisera 5 tunneliers (21 kilomètres de la ligne seront souterrains) et il y aura, en 2023, une quarantaine de chantiers simultanés », poursuit Jean-Jacques Laporte.

Des interrogations sur l’impact environnemental

La ligne pourrait être opérationnelle en 2028, s’il n’y a pas de nouveau retard causé par une pénurie de matériaux liée à la guerre en Ukraine. Car, si sa mise en service avait été annoncée pour 2024, le calendrier initial a dû être décalé suite à la crise sanitaire afin « d’épouser un rythme plus compatible avec les capacités financières de la Métropole », avait alors justifié Jean-Luc Moudenc. Le projet avait également été la cible des groupes de l’opposition… Ces derniers avaient remis en question la tenue du calendrier, son financement mais surtout les gains écologiques mis en avant par la Métropole et Tisséo. Parmi leurs interrogations, ces élus de l’opposition ont demandé, si le projet permet d’éviter autant de déplacements en voiture, quel serait le bilan carbone du chantier et son impact sur l’environnement, comme la pollution des nappes phréatiques ou l’atteinte à la biodiversité. « Pour obtenir l’autorisation environnementale, nous avons dû nous engager à une plus grande vigilance », souligne Jean-Jacques Laporte. Et de citer en exemple le tri, le traitement et le recyclage des matériaux du chantier (terre, bâti, déchets du BTP, eau…) ou la compensation des espaces verts dégradés en surface par le chantier.

600 emplois à la clé

Pour cette 3e ligne de métro, le constructeur français Alstom a été choisi afin d’en assembler le système et ses rames. Dans le détail, le matériel roulant sera doté d’un système de freinage électrique – sans émission de particules fines – et les rames seront équipées de surfaces « anti- bactériennes ». À noter : l’énergie générée par le freinage des rames sera utilisée pour faire fonctionner les stations. Quant aux matériaux utilisés, ils seront recyclables à plus de 95 %. Enfin, le métro sera automatique, les quais isolés par des portes palières et sur les quais sera indiquée la densité des personnes à bord. Ce nouvel équipement représente un total de 600 emplois à temps plein, dont 400 dans la région Occitanie.

Dernière minute !

Les Amis de la Terre demandent la suspension des travaux, en référé, devant le tribunal administratif de Toulouse. L’audience est prévue le 24 novembre. L’association conteste l’autorisation environnementale du projet, qui prévoit la destruction de 1 300 arbres.

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