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Métropoles résilientes ou comment faire face aux risques

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 3 minutes

Comme tous les territoires, les métropoles sont vulnérables. Mais leur essence même – la concentration de population et d’activités, la densité des réseaux, les échanges constants – les rend particulièrement sensibles aux risques. C’est ce qu’a rappelé la pandémie. Pour capitaliser sur cette crise, l’Institut Paris Région ouvre la réflexion pour doter les métropoles d’une culture du risque et, surtout, se réinventer à cette aune.

Par Magali Tran

Fragiles, les métropoles ? Le dernier Cahier de l’Institut Paris Région questionne la résilience des métropoles à l’aune de la crise sanitaire. « Il ne s’agit pas d’avoir une approche catastrophiste », assure Tanguy Le Goff, politiste à l’Institut Paris Région, coordinateur de l’ouvrage Fragiles métropoles avec le géographe et urbaniste Ludovic Faytre, « mais plutôt de dresser un constat qu’on espère lucide, en tirant les premiers enseignements de la pandémie. »

Car forcément, cet épisode questionne : les métropoles, souvent décrites comme des territoires robustes, des locomotives économiques, ont été mises à l’arrêt comme le reste du pays au printemps 2020.
Ainsi, la crise Covid a révélé les fragilités des territoires. Concernant les métropoles, « elles ont des caractéristiques qui peuvent les rendre plus vulnérables », souligne Ludovic Faytre, citant la concentration de population et d’enjeux économiques, la densité des réseaux (transports, télécommunications, énergie) mais aussi les échanges avec les territoires voisins. Pour la géographe Magali Reghezza-Zitt : « Les métropoles sont plus fragiles que d’autres territoires au sens où les dé- gâts en cas de crise y sont plus forts. Mais elles sont aussi beaucoup plus résilientes, car toutes les forces vont venir vers elles pour qu’elles se rétablissent. Si la métropole est défaillante, c’est l’ensemble qui s’effondre. Comme un jeu de cartes. » Et c’est précisément ce que l’on veut éviter.

Se préparer

Parmi les risques les plus importants en France figurent le risque inondation lié à une crue de la Seine et de la Loire, et celui d’un séisme sur la Côte d’Azur. Les pou- voirs publics et les opérateurs s’y prépa- rent. D’ailleurs, la crise Covid a été l’occasion de soumettre à la réalité du terrain les plans de continuité d’activité des opérateurs, comme la RATP en Île-de-France. Dans le cas d’une inondation, « la difficulté, c’est de déclencher les plans au bon moment », affirme David Courteille, coordinateur général du plan inondation à la RATP. Car l’incertitude est reine dans la gestion du risque. Et, plus singulièrement encore, dans le contexte actuel de changement climatique avec des phénomènes climatiques extrêmes plus fréquents. « L’anomalie va devenir courante », prévoit Serge Garrigues, ancien chef d’état-major de la zone de défense et de sécurité de Paris. « On ne peut pas répondre à tout. Il faut se préparer et surtout travailler la réaction imaginative, car un plan ne résiste jamais à la réalité. C’est un changement de paradigme, d’état d’esprit. »

Transformations radicales

Pour Tanguy Le Goff aussi, un changement de regard est nécessaire : « Il faut partir de nos propres fragilités, les reconnaître, pour pouvoir ensuite bâtir une stratégie métropolitaine qui s’appuie sur les ressources propres du territoire. » C’est exactement ce qu’on appelle la résilience. Mais, pour devenir un territoire résilient, des trans- formations radicales sont nécessaires pour repenser les fonctions, les déplacements et, plus largement, « changer de logique pour passer de la stratégie de réaction à une logique anticipative », explique Magali Reghezza-Zitt.

« Comment introduit-on la notion de risque dans toutes les politiques publiques ? » interroge pour sa part Ludovic Faytre, « puisque les collectivités gèrent l’aménagement, des systèmes de transport, des équipements spécifiques… » Pour le géographe et urbaniste, c’est l’enjeu majeur pour les territoires.

Lire sur le même sujet :

« Pourquoi le modèle des métropoles doit être défendu »

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