Dans les villes et métropoles françaises, les urgences en matière de logement s’accumulent. Les demandes politiques, pourtant bien connues, se font de plus en plus pressantes face à une plus précarité galopante dans les territoires. Dans une Assemblée divisée et à l’heure de vives tensions, la crise du logement va-t-elle davantage s’embourber ?
Par Martin Batko
Les constats ne cessent de tomber, les chiffres sont toujours plus alarmants sur le mal-logement et l’incapacité à se loger. La Fédération française du bâtiment alertait récemment sur la baisse de construction de logements, de 122 000 par an depuis 2007 à près de 68 000 en 2023, tandis que l’Union sociale pour l’habitat (USH) relaie en marge du Congrès HLM à Montpellier la demande record de logement social (2,7 millions au 1er semestre), pendant que le logement étudiant est aux abois.
En tout état de cause, les dossiers de la rentrée ne manquent pas et devraient continuer d’animer les débats parlementaires, d’autant que la dernière mandature a prouvé qu’elle savait faire du logement un cheval de bataille avec plusieurs missions et rapports d’information rendus, sans oublier un Conseil national de la refondation (CNR) qui lui était consacré.
Une « bombe à retardement social »
L’un des rapports, remis cet été par la députée Annaïg Le Meur sur la fiscalité locative, est assez représentatif d’un sujet assez médiatisé mais bénéficiant d’un atterrissage politique en réalité limité, malgré la bronca de certains élus exposés aux meublés de tourisme. Elle marque la volonté de l’exécutif de ne rien laisser aux collectivités sur leur capacité de régulation au nom des politiques sociales de l’habitat : l’annonce il y a quelques mois d’intégrer du logement locatif intermédiaire (LLI) dans le quota du logement social prévu par la loi SRU, plutôt propice aux classes moyennes, le symbolise par ailleurs.
Malgré la « bombe à retardement social » que les élus locaux dénoncent, aidés par des vigies importantes comme l’USH ou d’agences dédiées comme l’ANRU ou l’ANAH, le logement n’est toujours pas une grande cause nationale.
Depuis 2022, si les collectivités peuvent disposer du statut d’autorité organisatrice de l’habitat (AOH), aucun moyen ne les conforte en réalité dans leurs actions. Malgré la « bombe à retardement social » que les élus locaux dénoncent, aidés par des vigies importantes comme l’USH ou d’agences dédiées comme l’ANRU ou l’ANAH, le logement n’est toujours pas une grande cause nationale. Le gel des crédits de 1,2 milliard d’euros sur trois ans pour rénover le parc social le prouve. Et les choses ne vont pas s’arranger face à la réduction de la capacité d’emprunt des collectivités et leur mise à contribution à hauteur de 5 milliards d’euros en 2025… Comme le dit Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, « le pays ne peut pas supporter une série d’années à moins de 90 000 logements sociaux construits ».
Sans réelle volonté politique nationale ni moyens associés, les métropoles vont-elles encore vouloir avoir pleinement la main sur la politique du logement ? Dans un cycle post-électoral qui va laisser des traces, elles risquent de s’exposer, alors qu’on leur reproche, malgré leurs investissements conséquents, d’être responsables du déficit public. Gouvernement et parlement devront rapidement donner des gages, attendus dans les discussions à l’occasion du PLF 2025.
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