Accueil Actualités Émeutes urbaines : quel agenda politique ces prochaines semaines ?

Émeutes urbaines : quel agenda politique ces prochaines semaines ?

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 3 minutes

La mort de Nahel M., 17 ans, tué par un policier après son refus d’obtempérer, a mis le feu aux poudres dans les villes et les banlieues. Ces derniers jours, incendies, pillages et attaques ciblées sur des personnes, commerces et lieux publics, ont illustré une escalade de la violence que l’exécutif tente de juguler. Des solutions de court terme sortent du chapeau du gouvernement pour panser les plaies, en attendant des mesures de fond qui peinent à voir le jour.

Par Martin Batko

Nul doute que ces prochaines semaines résonneront au rythme du contexte sécuritaire dans les villes et banlieues françaises, quelle que soit l’évolution des prochains jours. Le gouvernement ne lésine pas sur les moyens : mobilisation des forces de l’ordre, dédommagements pour les commerces touchés par les actes de vandalisme ou encore appel à la responsabilité collective. Tout cela est bien sûr nécessaire mais reste insuffisant. Comme souvent en pareille situation, les violences mettent en évidence la nécessité de mener dans les banlieues et les quartiers prioritaires des politiques structurelles de long terme.

Relancer la politique de la ville

Le gouvernement  a convoqué opportunément une réunion du Comité interministériel des Villes (CIV) le 30 juin, une instance chargée de coordonner les actions de l’État dans le cadre de la politique de la ville. Hélas, la principale annonce qui a été faite est la convocation d’une nouvelle réunion à la rentrée, ce qui a provoqué la colère des élus locaux. Le gouvernement semble visiblement prendre le temps d’ici septembre de formaliser de nouvelles propositions.

A quoi peut-on s’attendre ? Avant les émeutes urbaines, l’exécutif avait lancé un Conseil national de la refondation (CNR) des quartiers populaires, avec l’ambition d’aboutir à de nouveaux contrats de ville. Cette contractualisation chère à l’État permet de générer des fonds pour les quartiers selon les priorités retenues, de la lutte contre les discriminations à la rénovation urbaine en passant par le développement économique, en associant les collectivités locales, les services de l’État et le secteur associatif.

Hormis ces nouveaux contrats de ville que l’exécutif souhaite faire évoluer et signer au 1er janvier 2024, baptisés « Engagement quartiers 2030 », c’est la nouvelle géographie prioritaire qui revêt une importance capitale pour les élus locaux :  la carte actuelle des 1 514 « quartiers prioritaires de la ville » (QPV), devrait évoluer à la rentrée. Certains territoires y entreront tandis que d’autres en sortiront… Au nom de l’équité territoriale, Il faut aussi préciser que cette nouvelle géographie urbaine entraînera avec elle une demande de reconfiguration de son pendant rural, les Zones de revitalisation rurales (ZRR).

Le Plan Borloo est mort, vive le Plan Borloo

Dans ce contexte, certains s’interrogent sur l’opportunité d’exhumer le Rapport Borloo. Chargé d’une mission sur la politique de la ville, l’ancien ministre a rendu en 2018 un rapport au président de la République pour sortir les banlieues de leur ghetto. Ce dernier l’avait alors placardisé, exprimant ses réserves sur la méthode qu’il jugeait révolue. Nul doute que le gouvernement s’en inspirera pour trouver une porte de sortie à des problèmes structurels qui ont assez duré.

En attendant, le chef de l’État vient d’annoncer devant quelques 200 maires un projet de loi d’urgence afin d’accélérer la reconstruction des bâtiments, transports et du mobilier urbain qui ont été détruits.

Les élus locaux sur le front

Le gouvernement souhaite s’afficher aux côtés des élus. C’est ensemble que la Première ministre, Elisabeth Borne, le maire de Cannes, président de l’Association des maires de France, David Lisnard et les représentants des autres associations d’élus, ont lancé un premier appel au calme en conférence de presse à Matignon, jeudi 29 juin dernier. Le représentant des édiles locaux a renouvelé une expression publique, cette fois-ci afin d’inviter à une « mobilisation civique » ce lundi 3 juillet devant les mairies, après l’attaque à la voiture-bélier du domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses. Il estime à 150 le nombre de mairies ou bâtiments municipaux attaqués depuis mardi, « une première dans l’histoire du pays » (ndlr : chiffre estimé à la date du 2 juillet).

Lire sur le même sujet :

Les maires réclament des moyens pour les quartiers défavorisés

Articles Liés