Accueil Actualités Echanger les bonnes pratiques locales en Europe… Une bonne initiative mais peu connue

Echanger les bonnes pratiques locales en Europe… Une bonne initiative mais peu connue

par Sébastien Fournier
Carte des initiatives locales recensées par le CdR
Temps de lecture : 3 minutes

Pour faire face à la crise, les collectivités locales d’Europe, à l’initiative du Comité européen des régions, se dotent d’un outil pour encourager le partage d’expériences. Si les solutions recensées sont encore peu nombreuses, certaines méritent d’être dupliquées. Encore faut-il connaître l’outil.

Alors que les États membres de l’Union européenne peinent à s’entendre sur un plan de relance, le Comité européen des régions (CdR), l’assemblée des représentants locaux en Europe, a finalisé son plan d’action. Parmi les mesures prises pour soutenir et aider les collectivités locales et régionales qui se trouvent en première ligne pour lutter contre la pandémie, figure la création d’une plateforme d’échanges. L’objectif : faire connaître les besoins et les solutions des dirigeants locaux et régionaux et renforcer le soutien mutuel. Initialement réservée à ses 329 membres – principalement des présidents de régions et des maires de grandes villes – la plateforme a été finalement ouverte à toutes les collectivités d’Europe.

L’Europe est pavée de bonnes idées

Concrètement, chaque collectivité des 27 pays de l’Union peut faire connaître ses initiatives locales depuis une adresse web ouverte depuis deux semaines. A ce jour, près d’une centaine de régions et de villes, petites ou grandes, ont fait la démarche. Leurs idées et solutions sont consultables sur une carte interactive. Ce sont principalement des actions sanitaires et des mesures de soutien aux populations et aux entreprises.

En Estonie, le village de Rae a décidé de livrer au domicile des familles les repas chauds servis d’ordinaire dans les écoles

Si beaucoup d’entre elles relèvent de décisions financières prises communément avec les Etats membres, certaines témoignent d’un volontarisme politique certain en matière de solidarité. En République Tchèque, par exemple, la ville de Kladno, 70 000 habitants, vient de créer pour les personnes âgées une centrale d’achats de produits d’épicerie, d’hygiène et de médicaments. Elle les livre via un service de taxis. En Estonie, le village de Rae (610 habitants) a décidé de livrer au domicile des familles les repas chauds servis d’ordinaire dans les écoles. La commune concentre ses efforts sur les familles les plus fragiles. En France, la ville de Nantes a équipé 6 maisons médicalisées d’un système de vidéoconférence afin que les aînés les plus vulnérables puissent garder le contact avec leurs proches. Des initiatives sont parfois étonnantes comme celle prise par la station balnéaire Estepona en Espagne (70 000 habitants) : la transformation de masques de plongée à des fins médicales grâce à des imprimantes 3D.

Pour Apostolos Tzitzikostas, le président du Comité européen des régions, « cette plateforme doit permettre d’élaborer des solutions communes entre collectivités, mais surtout de mieux cibler leurs besoins ». En effet, le CdR veut jouer pleinement son rôle d’interface entre l’Union et ses gouvernements locaux. Il s’engage à leur fournir des informations régulières et pratiques sur les mesures prises par les institutions européennes. Quant à ces dernières, il les encourage à favoriser des dispositifs venant en aide directement aux collectivités européennes, comme un mécanisme d’urgence coordonné pour répondre à leurs besoins.

Un nombre d’initiatives encore insuffisant

Pour le moment, la participation est modeste au regard des quelques 130 000 collectivités qui composent l’Europe. « La plateforme n’a été mise en ligne que très récemment », explique une source du CdR. De surcroit, comme l’outil est en anglais, la barrière de la langue peut être un sérieux handicap. La page d’accueil de la plateforme a été toutefois traduite en Français pour inciter les collectivités françaises à participer. Mais on en compte seulement huit aujourd’hui. La méconnaissance de l’outil peut aussi expliquer la faible participation. En France, parmi les nombreuses associations d’élus, seule Régions de France, à notre connaissance, a relayé cette initiative. C’est évidement trop peu pour la faire connaître auprès de toutes les strates institutionnelles.

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