Dans une étude portant sur les complémentarités économiques dans les territoires, les Régions défendent leurs compétences et leur place stratégique. Elles relancent le débat sur une ligne de partage peu claire entre elles et les Métropoles.
Par Sébastien Fournier
La guerre entre Régions et Métropoles est-elle relancée ? Les administrations régionales ne semblent pas vouloir lâcher un pouce de terrain en matière de développement économique, une compétence qu’elles se disputent avec les plus grandes agglomérations. Pour démontrer qu’elles sont en première ligne, l’association qui les fédère, Régions de France, vient de publier une étude sur l’emploi dans les territoires, mettant à jour la nature des dynamiques économiques. Pour ce faire, elle a adopté une typologie de l’emploi local décomposé en quatre catégories, dépendant de la demande locale ou de marchés extérieurs.
Les résultats vont à contre-courant des idées largement répandues. On a tendance à penser que les métropoles sont par excellence les lieux de la création d’emplois et sont en particulier le réceptacle des activités mondialisées. Si l’étude confirme en partie cette idée, elle en minimise la portée. En fait, quel que soit le type d’emploi, les résultats montrent que la dynamique de croissance n’est pas automatiquement liée à la taille du territoire. Et c’est particulièrement vrai des emplois « mondialisés ». En effet, certains secteurs d’activité n’obéissent pas à une hiérarchie urbaine et leur localisation comme leur développement reposent sur d’autres critères comme des compétences locales rares, des spécificités patrimoniales ou encore des ressources naturelles. En clair, Régions de France fait la démonstration d’une grande hétérogénéité de situations dans les territoires.
Reconsidérer la place des Métropoles
Si l’association ne souhaite pas alimenter un propos anti-urbain, elle estime nécessaire de reconsidérer la place qu’occupent les grandes agglomérations au sein des Régions. Parce que tous les territoires sont concernés par les dynamiques de l’emploi, l’Institution estime nécessaire de repenser l’armature territoriale à l’échelle régionale, en jouant sur les complémentarités. En substance, c’est aux Régions et à elles seules de mettre en musique la vision prospective du développement économique. Un propos qui agace quelque peu les élus urbains, lesquels entendent jouer encore leur partition : « Les Métropoles sont légitimes à penser leur développement sur leur territoire », rappellent certains d’entre eux. À France urbaine, l’association des métropoles, on minore la charge en expliquant que Régions de France est dans son rôle et n’apporte rien de nouveau. À l’instar des Régions, les Métropoles militent depuis longtemps en faveur d’une alliance des territoires, dans laquelle les collectivités travaillent en complémentarité.
Reste que cette étude arrive à point nommé. À l’heure où le président de la République engage des discussions avec les élus locaux sur une future réforme des institutions, les Régions avancent leurs pions dans l’espoir d’exercer la compétence du développement économique de façon exclusive. Un dessein qui semble faire fi des complémentarités.
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