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Métropoles et régions, mal-aimées des candidats à la présidentielle

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 4 minutes

Les dix candidats à l’élection présidentielle invités à présenter leur projet pour l’organisation territoriale française par les élus locaux de Territoires Unis ont affirmé leur volonté de réformer les lois Notre et Maptam. Les métropoles, jugées inégalitaires, ont fait l’objet de plusieurs critiques.

Par Christine Murris

Les métropoles sont-elles promises à une remise en cause drastique au lendemain des élections présidentielles ? C’est possible, si l’on en croit les prises de position de plusieurs des candidats à la présidentielle qui se sont exprimés devant les élus de Territoires Unis, le 13 mars, à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine. Auditionnés par ce collectif d’associations*, dix des douze candidats officiels à l’élection présidentielle se sont succédé à la tribune : Fabien Roussel (Parti communiste) Jean Lassalle (Résistons !), Marine Le Pen (Rassemblement national), Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), Anne Hidalgo (Parti socialiste), Nathalie Artaud (Lutte ouvrière), Valérie Pécresse (Les Républicains), Yannick Jadot (Europe écologie – Les verts), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et Jean-Luc Mélenchon (la France insoumise) ont ainsi au fil de cette journée très dense présenté leur vision de la vie politique locale puis répondu aux questions des élus. Seuls Emmanuel Macron, président sortant, et Eric Zemmour (Reconquête !) se sont dispensés de l’exercice…

Pour Fabien Roussel, les métropoles organisent la concurrence avec les autres collectivités et ne laissent que des miettes aux petites communes.

Fabien Roussel, qui s’est exprimé le premier sur le sujet, n’y est pas allé par quatre chemins : pour lui, il s’agira demain de “démétropoliser la France”, au motif que les nouveaux échelons de l’organisation territoriale du pays “organisent la concurrence avec les autres collectivités et ne laissent que des miettes aux petites communes”. Marine Le Pen affiche le même objectif. Anne Hidalgo, qui à l’échelon francilien coopère pourtant étroitement avec la Métropole du Grand Paris, a expliqué pour sa part qu’il n’était pas possible d’”imaginer une France à deux vitesses avec des métropoles qui attireraient tout et des milieux ruraux de plus en plus abandonnés”.

Des prises de position qui ont en général valu un franc succès à leurs auteurs, tant les élus, notamment ruraux – et ils étaient nombreux dans la salle – se montrent souvent méfiants face à des regroupements communaux qu’ils estiment trop favorisés et peu redistributifs…

Des régions trop grandes

Les grandes régions nées de la réforme de 2015 ne trouvent pas davantage grâce aux yeux des candidats. Jean Lassalle, qui déplore que tout soit désormais “si loin, si grand…”, les juge même “parfaitement inutiles”. Un point de vue partagé à des degrés divers par plusieurs candidats, dont Jean-Luc Mélenchon, pour qui “l’organisation la plus récente de l’échelon régional est une catastrophe”.

Plus globalement, plusieurs des candidats auditionnés se sont prononcés pour une nouvelle étape de la décentralisation. Pour Valérie Pécresse, il s’agit aujourd’hui de mettre en oeuvre ”un puissant projet de décentralisation”, avec lequel “toute nouvelle compétence sera compensée, et les transferts financiers régulièrement réévalués”.

L’organisation institutionnelle actuelle n’est absolument pas celle d’un pays moderne, selon Anne Hidalgo

La candidate LR, sans doute consciente de la méfiance des élus face à tout projet “venu d’en haut”, a ainsi insisté sur sa volonté de concertation en annonçant la tenue, préalable à toute réforme, d’une “grande conférence des territoires”.

Plusieurs candidats, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique, ont affirmé vouloir ouvrir un nouvel âge de la décentralisation, Anne Hidalgo soulignant même que l’organisation actuelle n’était absolument “pas celle d’un pays moderne”.

Des finances à restaurer

Autre préoccupation affichée par les candidats, celle des finances locales. Là encore, un souci qui ne pouvait que rencontrer un écho des plus bienveillants dans la salle… Sans grande surprise, les candidats ont donc affirmé leur volonté de restaurer les finances des collectivités et leur autonomie fiscale. “Les communes sont asphyxiées, méprisées”, a ainsi clamé Fabien Roussel, et il faut “engager une grande réforme de la fiscalité”. Dans le registre financier, Valérie Pécresse a quant à elle flatté la veine égalitariste de son auditoire en affirmant que pour “tout euro donné à la politique de la ville, elle donnerait un euro à la ruralité”.

Enfin, plusieurs candidats se sont exprimés sur les services publics, regrettant assez unanimement les fermetures en milieu rural. Philippe Poutou a ainsi déploré “une société qui a détruit les services publics” tandis que Fabien Roussel projetait “un plan pluriannuel pour (les) réinstaller”.

“Des débats qui font honneur à la démocratie”

Logement, dépendance et handicap, accueil des mineurs isolés, politique énergétique et agricole… Bien d’autres sujets ont été abordés, de façon plus éparse, par les dix candidats. Une diversité et une richesse des thématiques que Stéphane Lisnard, président de l’Association des maires de France, n’a pas manqué de noter en fin de journée. Il s’est félicité de débats qui, a-t-il souligné avec enthousiasme, “ont fait honneur à la démocratie”.

* Collectif regroupant l’Association des maires de France (AMF), l’Assemblée des départements de France et Régions de France

L’association France Urbaine et Intercommunalités de France organise un exercice comparable en auditionnant les candidats à l’élection présidentielle ou leurs porte-parole le 22 mars à l’Institut du Monde arabe, à Paris. Les sujets de l’organisation territoriale du pays – mis en lumière ces jours-ci de façon inattendue par… l’actualité corse – retrouveraient-ils une nouvelle vigueur sur la scène nationale ?

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