À l’occasion du 106e Congrès des maires de France qui s’est tenu à Paris du 19 au 21 novembre, les édiles ont exprimé leur colère face aux efforts financiers massifs que le gouvernement leur demande pour rétablir les comptes publics. Attendu au tournant, le Premier ministre Michel Barnier a montré de la souplesse sans pour autant changer de ligne.
Par Sébastien Fournier
Il y a des images qui restent gravées et ne s’oublient pas. Celle des maires arborant une écharpe noire lors du 106e congrès des maires qui s’est tenu du 19 au 21 novembre à Paris en fait partie. Ce traditionnel rendez-vous annuel des édiles de France avait le goût de la colère. Durant les trois jours, ils ont unanimement exprimé et répété leur opposition aux dix milliards d’euros de prélèvements que l’État entend imposer aux communes et leurs groupements dans le cadre des projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2025.
Si les élus locaux ne contestent pas les économies à réaliser, soucieux du rétablissement des comptes publics, ils dénoncent en revanche l’effort considérable et inégalé demandé, lequel aura des effets récessifs. « Ces ponctions vont conduire à une réduction de la capacité d’investissement et un recours à l’emprunt », a précisé François de Mazières, maire de Versailles et trésorier de France urbaine, l’association des maires de grandes villes et présidents de métropoles. « On va taper dans le quotidien des Français », a cinglé de son côté David Lisnard, président de l’Association des maires de France.
Ce 106e congrès fut l’occasion pour les maires de rappeler le rôle essentiel de la commune, pilier de la démocratie locale. Demandant à l’État de balayer devant sa porte, ils ont rappelé que les collectivités locales votent des budgets à l’équilibre et sont soucieux de l’intérêt général, en réponse aux attaques qu’ils ont subies durant l’été par le gouvernement précédent, les tenant responsables de la dégradation des comptes publics. « Nous ne sommes pas le problème, nous sommes la solution », a rabâché David Lisnard.
Un changement de méthode
Si les maires demandent au gouvernement de revoir sa copie, ils souhaitent aussi un changement de méthode dans leurs relations avec l’État. Traités bien souvent comme des sous-traitants, ils ne veulent plus recevoir des « injonctions venues d’en haut » ni même se voir appliquer des mesures qui seraient prises sans les avoir consultés. Une position qui fait écho à la question de l’autonomie qu’ils réclament depuis de nombreuses années et plus globalement à celle de la décentralisation.
« Nous flatter au congrès, nous taper au budget. » David Lisnard
Le Premier ministre, venu clôturer ces trois jours de congrès, a en partie répondu à leurs attentes. Alors que David Lisnard l’avait accueilli avec une formule choc – « Nous flatter au congrès, nous taper au budget » –, Michel Barnier lui a répondu, malicieux, « je n’attends pas à ce que vous me flattiez sur le budget mais j’espère que vous n’allez pas me taper au congrès ». Une sortie qui a eu le mérite de détendre l’atmosphère. Le Premier ministre s’est montré favorable à un changement de méthode, souhaitant laisser plus de liberté aux élus locaux, un principe cher à David Lisnard qui n’a eu de cesse de le marteler au cours de ces trois jours. Il en a outre, sans en préciser les détails, annoncé une baisse des économies demandées aux collectivités locales, sur la base des travaux du Sénat, sans pour autant changer de ligne sur l’effort demandé. Aussi, comme ses prédécesseurs, il a promis un choc de simplification des normes applicables. Enfin, il a proposé un renforcement du statut de l’élu. « Afin de protéger le rôle que vous jouez, nous allons remettre en chantier le statut de l’élu », a-t-il annoncé. Ces propositions sont loin de calmer la colère des maires de France, notamment sur les questions financières. La bataille se joue dorénavant au Sénat où débute lundi l’examen du PLF 2025.
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