En clôture du 103e Congrès des maires, jeudi 18 novembre, Emmanuel Macron a défendu son bilan avec pugnacité, recueillant un accueil plus positif que par le passé malgré les critiques formulées par les maires.
D’entrée, le chef de l’Etat a évoqué les crispations qui ont marqué son quinquennat. « Il se peut qu’il y ait eu des malentendus au début, il se peut qu’il y ait eu des préjugés », a-t-il lancé lors de son discours, un euphémisme qui a déclenché quelques rires et détendu l’atmosphère.
« J’assume de ne pas avoir été maire », a-t-il ajouté, répondant à un reproche récurrent. Avant de lancer en souriant : « Mais je ne suis par le seul président », « il se peut que le Général de Gaulle ait eu le même défaut .»
Avant son intervention, le nouveau président de l’AMF, le maire LR de Cannes David Lisnard, avait énuméré les points de désaccord dans un long discours. Il a reproché au chef de l’Etat « l’extrême-centralisation » de ses décisions. « Combien de préfets – je me suis laissé dire parfois même des ministres – ont découvert les décisions en même temps que nous », a-t-il ironisé. Appelant à « un nouveau souffle de décentralisation », il a déroulé, sous les rires – y compris du président – le long catalogue des acronymes des schémas et documents d’orientation qui jalonnent l’action publique locale.
Une résolution de l’AMF sans concession
Plus critique encore, le premier vice-président de l’AMF, le PS André Laignel, a lu une résolution sans concession du nouveau bureau. « Dialogue, négociation, confiance : est-ce trop demander ? Et pourtant c’est ce que nous n’avons pas pu avoir ces quatre dernières années. Espérons que la future mandature qui s’ouvrira en 2022 le permettra enfin . »
Attentif à renouer le dialogue à cinq mois de la présidentielle, le chef de l’Etat a pris soin, comme il l’avait fait la veille en recevant un millier de maires à l’Elysée de louer leur action durant la crise sanitaire. Il a rappelé ses heures de questions-réponses avec des maires durant le grand débat lors de la crise des « gilets jaunes ».
Emmanuel Macron a ensuite défendu ses choix, de la suppression de la taxe d’habitation aux actions en faveur des « coeurs de ville » pour les villes moyennes, assurant avoir préservé les ressources des communes, l’un de ses points de friction avec les dirigeants de l’AMF.
« vous êtes des agents de l’Etat »
« La taxe d’habitation était un impôt pour les classes moyennes, mauvais pour les petites villes, injuste », a-t-il plaidé, quand David Lisnard a dénoncé sa suppression comme « la dernière étape de la déstabilisation totale de notre système de fiscalité locale ».
Le chef de l’Etat a aussi appelé à éviter les débats « mortifères » qui opposent l’Etat aux élus locaux. « L’Etat est un tout, il ne peut pas y avoir l’Etat face aux élus », a-t-il insisté.
En outre, il s’est montré ouvert à une nouvelle étape de décentralisation insistant sur les responsabilités qui en découlent. Au passage, il s’est permis de faire la leçon aux élus, leur rappelant qu’il ne fallait pas confondre les délégations de compétences avec la décentralisation. Aussi, il s’est engagé à poursuivre le mouvement de déconcentration déjà à l’oeuvre.
Son discours a été finalement assez applaudi et le président est resté un long moment pour un bain de foule. Mais beaucoup d’édiles sont restés sur leur faim. Au fond, ils lui reprochent d’avoir dressé le bilan de son action plutôt que d’apporter des réponses à leurs questions.
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