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Chacun cherche son masque

par Sébastien Fournier
Masque de protection en tissu
Temps de lecture : 3 minutes

Pour faire face à la pénurie de masques, l’Etat a encouragé la fabrication de modèles alternatifs à « visée de protection collective » ou destinés aux travailleurs en contact avec du public. De nombreuses entreprises ont proposé des prototypes. Des initiatives individuelles sont même à prévoir. Mais cette production sera-t-elle utile pour protéger tous les Français ?

par Axel Flajeul

Pour lutter contre la pandémie de Covid-19, les pouvoirs publics réfléchissent à rendre obligatoire, dans les prochains jours, le port du masque pour l’ensemble de la population. D’ailleurs, des communes ont déjà pris des arrêtés en ce sens. Ce qui a conduit l’Association des Maires de France (AMF) à recommander à ses membres de conseiller cette protection « durant les sorties autorisées ». Face à la pénurie de masques FFP2 et chirurgicaux, qui sont réservés aux soignants, l’AMF suggère à la population d’en confectionner de façon artisanale, sur la base des recommandations de l’Agence française de normalisation (AFNOR). Une solution provisoire qui s’apparente en fait à du bricolage.

Des initiatives diverses

Pour faire face à la pénurie, l’Etat, selon un référentiel, a encouragé les entreprises textiles à fabriquer des masques alternatifs pouvant offrir des niveaux de protection certes plus faibles que ceux utilisés par les soignants mais tout de même acceptables. A ce jour, une centaine d’entreprises ont conçu des prototypes. La Direction générale de l’armement a pour mission de les tester afin d’identifier leurs niveaux de protection. Précisons qu’il ne s’agit pas d’homologation, les pouvoirs publics, vu l’urgence de la situation, n’ont pas la capacité de mettre en place un dispositif habituel de mise sur le marché. Néanmoins, près de 10 millions de masques vont être produits d’ici la fin de semaine, lavables ou à usage unique, pour un emploi individuel ou professionnel. La cadence de fabrication devrait presque doubler d’ici la fin du mois selon un document de la Direction générale des entreprises (lien). Parmi les entrepreneurs qui ont répondu à l’appel à propositions de l’Etat, figurent bien évidemment les principaux groupes de textile français. Mais pas seulement. Beaucoup de TPE et d’initiatives individuelles sont à dénombrer (lire l’encadré ci-dessous : un ancien maire parmi les fabricants). Celles-ci pourraient d’ailleurs augmenter. L’AFNOR vient de mettre en ligne une plateforme solidaire : objectif, mettre en relation les offreurs potentiels de masques alternatifs et les demandeurs très nombreux. Une initiative qui invite à « l’effort solidaire » selon le président de l’AFNOR, Olivier Peyrat.

Les masques en tissu critiqués

Mais cette production serait-t-elle suffisante pour protéger chaque Français ? Rien n’est certain. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) continue d’exprimer des doutes sur l’usage généralisé des masques en tissu. Lundi dernier, son directeur, Tedros Adhanom, a déclaré qu’il était encore à prouver que les masques offrent réellement une barrière de protection. D’ailleurs, une nouvelle étude vient encore semer le doute sur leur véritable utilité, même concernant les masques chirurgicaux. Des chercheurs sud-coréens ont mené des tests avec quatre patients infectés. Résultat, « ces masques ne filtrent pas efficacement le SRAS-CoV-2 lors de la toux », rapportent les auteurs.

Quoiqu’il en soit, la France a commandé par centaine de milliers à la Chine des masques FFP2 et chirurgicaux. Mais la livraison va « s’échelonner d’ici la fin du mois de juin », a récemment expliqué le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. De quoi préférer rester à la maison et limiter ses déplacements au maximum…

Un ancien maire parmi les fabricants

L’ancien maire (PS) de Valence, Alain Maurice, en poste entre 2008 et 2014, reconverti aujourd’hui dans les affaires, a répondu à l’appel à propositions de l’Etat. L’ancien édile, voulant être utile dans le contexte actuel, a pris contact avec des couturières de son entourage pour concevoir un prototype en lycra bi-stretch fourni par une entreprise locale. Testé par la DGA, le masque répond aux usages des professionnels comme des particuliers. Lavable, donc réutilisable, il sera proposé à un prix de vente de 12 euros TTC. Alain Maurice vise une capacité de production de 7 000 masques par mois, bien loin des rendements des grands groupes qui se comptent en centaine de milliers. Il proposera son produit aux collectivités locales de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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