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Renouvellement des instances de l’AMF : un match politique

par Sébastien Fournier
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À l’occasion du 103e congrès de l’Association des maires de France, qui se tient du 16 au 18 novembre à Paris, les élus sont invités à renouveler ses instances. Fait inédit, deux listes concurrentes s’affrontent. Une compétition politique à quelques mois de l’élection présidentielle.

Par Sébastien Fournier

Pour la première fois dans l’histoire de l’Association des maires de France (AMF), deux listes concurrentes s’affrontent pour le renouvellement de ses instances. La première est emmenée par le maire LR de Cannes David Lisnard, adoubé par le président sortant François Baroin, à laquelle est associé André Laignel, maire PS d’Issoudun (Indre) depuis 44 ans, et premier vice-président de l’AMF. La seconde est conduite par Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux depuis 20 ans et actuel secrétaire général de l’association.

Si les deux candidats, qui briguent la présidence de l’AMF, s’engagent à défendre le rôle des communes et des intercommunalités, ils divergent sur l’héritage de François Baroin. David Lisnard s’inscrit dans sa lignée. Il dénonce une « dévitalisation des communes qui s’est accentuée ces dernières années, au fur et à mesure des réformes fiscales qui ont dépouillé les communes de leur liberté de lever l’impôt ». Philippe Laurent, de son côté, déplore « un rayonnement de l’AMF moins important aujourd’hui ». Il considère aussi que l’association est sortie de son rôle en s’attaquant systématiquement au gouvernement, voire au président de la République.

Mais ce qui se joue en coulisses est hautement plus politique. André Laignel n’y va pas avec le dos de la cuillère. Selon lui, la liste emmenée par David Lisnard est celle du rassemblement, de la gauche à la droite, dans la tradition de l’AMF, tandis que celle de Philippe Laurent est une liste de division, trop proche de la Macronie. En clair, le président de la République tenterait une OPA sur l’AMF. Une menace pour l’indépendance de l’association.

« Des intérêts malsains »

Évidemment, le maire de Sceaux rejette en bloc cette interprétation, d’autant que le résultat de l’élection sera déterminé à la proportionnelle. Pour apporter la preuve de son impartialité, il affirme ne soutenir personne à la présidentielle de 2022. Quant à sa liste, il considère qu’elle est bien plus représentative des maires de France même si beaucoup d’élus sont proches du pouvoir. Mais pas tous.

Sur le papier, la liste de David Lisnard devrait l’emporter le 17 novembre. Mais les jeux ne sont pas faits.

Dans son camp figure le maire de Saint-Étienne Gaël Perdriau, vice-président du parti LR, qui n’est pas particulièrement tendre avec le président de la République. Lui non plus ne prend pas de pincettes lorsqu’il parle de David Lisnard. À ses yeux, il y aurait eu un «troc» avec le maire de Cannes qui se serait retiré de la course à l’investiture LR à l’Élysée en échange de la présidence de l’AMF. Une accusation rejetée avec virulence par l’intéressé : « C’est complètement faux et c’est du dénigrement ! »

Sur le papier, la liste de David Lisnard devrait l’emporter le 17 novembre. Mais les jeux ne sont pas faits. Philippe Laurent a quelques atouts dans sa manche. L’homme connaît parfaitement les arcanes de la politique locale. Et ses acteurs. Grand connaisseur des finances locales – ceux qui maîtrisent parfaitement la matière se comptent sur les doigts d’une main – il a formé, par le passé, une ribambelle de techniciens devenus influents dans la sphère publique. Il est respecté et son intégrité, son sens de l’intérêt général sont incontestés. Des atouts qui pourraient séduire certains élus au moment de leur vote.

Les maires de France sont appelés à voter du mardi 16 novembre (17h) au mercredi 17 novembre (15h). Les résultats devraient être connus dès la fin de la journée.

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