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Municipales : après le premier tour, il est urgent d’attendre !

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 3 minutes

Le report du second tour a eu pour conséquence le maintien des élus sortants dans les intercommunalités pour assurer leur administration pendant l’entre-deux-tours. Les nouveaux élus communautaires issus des urnes du 15 mars devront donc attendre la fin du processus électoral pour entrer en piste. Combien sont-ils dans les métropoles ? Objectif Métropoles de France a fait les comptes.

Le report du second tour des élections municipales pour cause de crise sanitaire a suscité des interrogations sur l’administration des intercommunalités pendant l’entre-deux-tours. Comment faire cohabiter durant cette période anciens et nouveaux élus, selon les résultats du 15 mars dernier ? Doivent-ils élire un président provisoire avant la tenue du second tour ? Scrupuleux, le gouvernement y était initialement favorable. Cependant, cette option qui paraissait rationnelle mais complexe à mettre en œuvre n’a pas survécu à l’agacement des élus locaux. L’heure n’est pas au « bricolage » mais aux réponses à apporter à la crise sanitaire, selon eux. Finalement, l’exécutif a opté pour le maintien de tous les élus communautaires sortants jusqu’à la tenue du second tour. C’est ce que le législateur a précisé en fin de compte dans le projet de loi sur l’état d’urgence adopté dimanche dernier. Rappelons que dans plus de 30 000 communes, le résultat du premier tour a été décisif. Soit près de 90 % des cas. Ce n’est pas rien, on peut comprendre l’impatience des nouveaux élus, à commencer par ceux dont c’est le tout premier mandat.

Dans les métropoles, 82 % des communes ont désigné leurs élus

Qu’en est-il dans les métropoles ? Ont-elles en leur sein des résultats identiques ? Objectif Métropoles de France a passé au crible les 19 métropoles de droit commun (hors Paris, Aix-Marseille et Lyon qui sont des cas particuliers). Parmi les 685 communes qui les composent, 82 % d’entre elles ont désigné leurs représentants, soit 560 communes. Si le nombre est important, il est toutefois à relativiser pour apprécier en quelle proportion les conseils métropolitains ont été renouvelés à ce stade. Les grandes villes, en raison de leur poids démographique, sont de gros pourvoyeurs d’élus. Or, à l’exception de la métropole de Toulon, aucune d’entre elles n’a encore élu ses représentants. Tout reste donc à jouer au second tour.

Stabilité politique dans les métropoles

La lecture des résultats dans les communes membres des métropoles permet par ailleurs mesurer, en l’état actuel des choses, l’évolution des rapports de force : seulement 6 % des communes connaissent un changement de couleur politique majeur. Pas de quoi envisager des changements profonds de gouvernance à l’échelle métropolitaine. D’autant que la plupart des maires sortants des grandes villes devraient être reconduits au second tour. On surveillera toutefois les villes de Metz et Nancy notamment qui pourraient basculer l’une de gauche à droite et l’autre inversement… De surcroît, effet de la « circulaire Castaner », on comptabilise 20 % de listes élues sans étiquette. La métropole de Lille en compte 32 sur 78 ! Mais globalement, cela ne bouscule pas les équilibres existants car elles sont souvent portées par des élus des majorités sortantes.

Toujours est-il que ces résultats cachent une réalité embarrassante liée à la crise sanitaire que traverse le pays : le pourcentage d’abstention atteint des records notamment dans les villes épicentres des métropoles. Avec un taux moyen de 65 %, il est près de 10 points au-dessus du seuil national. Nice est la grande ville dont la participation a été la plus faible : seulement 28 % des électeurs se sont déplacés dans les urnes.

Entre prime aux sortants et abstention record, les résultats auraient-il été différents sans la crise sanitaire ? Rendez-vous au second tour… s’il a lieu en juin.

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