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Les premiers pas du Grand Nancy de Mathieu Klein

par Sébastien Fournier
Temps de lecture : 4 minutes

Le nouveau maire de Nancy, qui a mis fin à l’hégémonie de la Droite depuis 75 ans, a pris la présidence de la Métropole mi-juillet. C’est le 8 octobre que s’ouvrait véritablement la mandature, au cours d’un conseil métropolitain marqué à la fois par un nouveau plan de mobilités et par des mesures de soutien en réponse à la pandémie de Covid-19.

Par Agnès Morel

Aux municipales, le socialiste Mathieu Klein a pris le pas sur le maire sortant, Laurent Hénart (UDI), poulain d’André Rossinot, qui était la figure tutélaire de Nancy depuis une quarantaine d’années. Le candidat de la Gauche, élu au second tour grâce au soutien de la liste EELV de Laurent Watrin, fait partie des jeunes élus « convaincus de la nécessité d’une social-démocratie, avec la transition écologique comme fil conducteur ». Les premières mesures adoptées font donc office de marqueurs. Fin septembre, le conseil municipal a ouvert le bal : végétalisation des cours d’écoles en vue de créer des îlots de fraîcheur, reconversion du quartier Alstom en éco-quartier et piétonisation du centre- ville dès l’été 2021 – une mesure très attendue. Première étape, son ouverture à la « concertation préalable », la nouvelle équipe souhaitant, au vu du

taux d’abstention aux élections, inciter les Nancéiens à s’investir davantage dans la cité. « Mais pour que la ville devienne respirable, il faut d’abord réduire de moitié le flux des 100 000 voitures qui entrent et sortent chaque jour du Grand Nancy », explique Patrick Hatzig, vice-président en charge des mobilités qui a présenté en conseil métropolitain, le 8 octobre dernier, un nouveau plan sur ce thème. Côté Métropole, la nouvelle mandature, après des mesures d’urgences prises cet été, s’est en effet ouverte cet automne par l’adoption d’un nouveau schéma des transports, le dernier n’ayant pas été revu depuis 12 ans.

Politique ambitieuse en matière de mobilité

Au programme : réduire l’usage de la voiture individuelle en proposant d’autres solutions, comme la création de nouveaux parkings-relais aux entrées du Grand Nancy avec des services de navettes, une réflexion sur les parkings collaboratifs et le covoiturage, mais surtout grâce à l’amélioration du réseau de transports en commun : « Nous lançons un audit sur le réseau Stan et proposons de créer de nouvelles voies de bus en site propre », poursuit le vice-président. Sans oublier l’incitation aux modes de transports doux, avec la préparation d’un plan piéton et la création de nouvelles pistes cyclables sécu- risées et continues. « Il y a une forte attente sur la question des mobilités », poursuit-il, « d’autant que le réseau de bus connaît des dysfonctionnements depuis le changement de délégataire ! » À noter également la concrétisation d’une promesse de campagne : la gratuité du réseau Stan tous les week- ends, à partir du 5 décembre, dans les 20 communes de la métropole, afin d’améliorer la qualité de l’air, mais aussi de soutenir les commerçants du centre-ville face à la concurrence de la vente en ligne. Un groupe de travail réfléchit à une tarification solidaire ainsi qu’à la gratuité permanente pour les mineurs et les seniors.

Des propositions qui ont été contestées par les élus de l’opposition, notamment le 1er vice-président, François Werner, maire de Villers-lès-Nancy, en raison de l’impact financier, car le Grand Nancy est l’une des métropoles les plus endettées (700 millions d’euros). D’autres chantiers sont sur la table, comme celui, épineux, du tram à pneu, dont la nécessaire rénovation avait été décidée par l’équipe sortante, pour 450 millions d’euros. « Mais rien ne sera tranché avant les résultats de l’audit commandé sur l’état financier de la Métropole », précise Patrick Hatzig. Servira-t-il à revoir à la baisse les ambitions ? Possible.

Contre la Covid-19 : plan de relance par l’économie locale

Mais le conflit ne s’est pas envenimé, Mathieu Klein jouant la carte de la concertation avec les 20 communes affirmant que « c’en est fini des querelles de clochers ». Et l’heure, avec la reprise de la pandémie de Covid-19, n’est pas à la dispersion, mais à la cohésion. Comme partout, la crise a rebattu les cartes, causant divers sinistres dans les domaines du commerce, de la restauration, du tourisme, du BTP… et obligeant les élus à modifier leur feuille de route pour faire du soutien économique et social leur priorité.

Le 8 octobre, les élus ont donc annoncé la création d’une nouvelle agence de développement économique, pour début 2021, devant compléter les plans de relance existants, comme le fonds Résistance de 44 millions d’euros abondé par la région Grand Est. « Elle renforcera l’écosystème économique en soutenant les entreprises en crise dans le sud de la Meurthe-et-Moselle ».

La rénovation du Musée lorrain – en projet depuis 2013 –, la construction du Grand Nancy thermal, ainsi que la rénovation thermique des bâtiments, pourraient d’ailleurs contribuer à re- lancer la commande publique locale.

Insertion et lutte contre la pauvreté

Second volet de mesures dictées par la pandémie : le soutien aux populations les plus fragiles, via l’élaboration d’une Stratégie métropolitaine d’insertion et de lutte contre la pauvreté, fondée sur l’accès aux droits, le maintien dans le logement, l’aide alimentaire… Un terrain assez connu du président de la métropole, qui, auparavant à la tête du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, avait travaillé et même publié sur le sujet, notamment, du revenu universel. Un soutien qui passe entre autres par l’accès à une alimentation locale et de qualité, via la création de circuits courts agroalimentaires. « Alors que la crise sanitaire a fait ou va faire basculer un très grand nombre de personnes dans la pauvreté, la Métropole doit contribuer à la construction d’une société plus juste et plus résiliente », insiste la nouvelle équipe métropolitaine.

Nancy au cœur de l’Europe ?

À la suite de l’annonce du départ d’Air France de Lorraine Airport, Mathieu Klein a appelé à une nouvelle approche concertée des mobilités à l’échelle du territoire, dans le but d’étendre les liaisons ferroviaires : TER Nancy-Dijon, TER Nancy-Epinal-Belfort… D’où le projet de « Sillon lorrain express », porté pendant la campagne : un transport régional à grande vitesse, de type RER, passant par Nancy, Metz, Thionville et le Luxembourg, pour se connecter à son aéroport international. « Il faut que la Lorraine joue pleinement son rôle, d’autant que nous avons un positionnement géographique privilégié. C’est une des clés majeures de notre avenir », écrit-il.

 

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