Lors d’une conférence de presse tenue à Paris le 24 avril 2019, plusieurs maires de grandes villes sont montés au créneau pour dénoncer l’inaction du gouvernement face aux conditions d’accueil des réfugiés. Dans une lettre, les élus demandent à rencontrer les ministres de l’Intérieur et du Logement afin d’établir « des dispositifs d’hébergement dignes sur nos territoires ».
Par Yoanna Sallese
« Ce que nous voyons tous les jours est indécent », fustige Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, à l’occasion d’une conférence de presse consacrée à l’accueil des réfugiés par les mairies, tenue à Porte d’Aubervilliers. Aujourd’hui, les maires ont dû mal à accueillir les réfugiés dans la dignité, faute de moyens.
« Comment le gouvernement peut accepter de traiter des migrants ainsi ? », s’interroge Emmanuel Carroz, adjoint au maire écologiste de Grenoble. Cette question, Roland Ries, maire (PS) de Strasbourg, Jaklin Pavilla, première adjointe au maire communiste de Saint-Denis, et Raphaël Pitti, adjoint au maire (PS) de Metz, tous présents pour l’occasion, se la posent aussi. Pour se faire entendre, les maires demandent aux ministères de l’Intérieur et du Logement, dans une lettre commune datant du 23 avril 2019, d’être reçus afin d’élaborer ensemble un plan d’accueil structurel des réfugiés, visant à leur garantir un hébergement digne et un vrai accompagnement.
Des communes prises à la gorge
En 2015, la France s’était engagée à accueillir davantage de réfugiés suite à la crise syrienne. L’Association des maires de grandes villes de France s’était alors dite prête à prendre sa juste part à cette mesure, tout en demandant à l’Etat qu’il respecte un certain nombre de conditions afin d’aider les communes à subvenir aux besoins des migrants. En juillet 2017, Emmanuel Macron, nouvellement élu, reconnaissait que « la France n’a pas toujours pris sa part de responsabilité », alors que c’était pourtant son « devoir moral ». Et depuis ? Pas grand-chose… « C’est un échec. L’Etat ne nous aide pas et nous n’y arrivons plus », lâche Raphaël Pitti.
« Les valeurs de la République, c’est aussi la fraternité »
Les mairies dénoncent les difficultés grandissantes pour accueillir dignement les populations venues trouver refuge en France. Malgré des dispositifs déjà existants (gymnases réaménagés, centres d’accueil) les villes se retrouvent face à un manque de moyens techniques mais aussi financiers. « En France, il n’existe que 5000 places d’accueil pour 40 000 réfugiés. Nous ne voulons pas laisser la situation dégénérer davantage », affirme Anne Hidalgo. « C’est simple de laisser les maires se débrouiller. Nous tenons tout de même à rappeler que c’est du ressort de l’Etat de créer des dispositifs pour que nous puisons héberger ces personnes. » ajoute l’élue.
A Grenoble, un village composé de chalets a été créé afin de pallier le manque d’infrastructures pour recevoir les populations dans le besoin. « Mais maintenant, il faut que le gouvernement nous aide », explique Emmanuel Carroz qui aime à rappeler que « les valeurs de la République, c’est aussi la fraternité ».
Les maires signataires de la lettre sont ceux de Rennes, de Troyes, d’Aubervilliers, de Metz, de Toulouse, de Strasbourg, de Lille, de Grande Synthe, de Bordeaux, de Paris, de Grenoble, de Nantes et de Saint-Denis.