À Nice, un programme immobilier a vu le jour sur le site de l’ancien stade. Il a été conçu comme un laboratoire d’urbanisme et d’architecture vertueux pour lutter contre les îlots de chaleur. Il se veut emblématique.
« La simplicité est la réussite absolue », disait Frédéric Chopin. Un conseil que les artisans du parc habité Le Ray, un nouveau complexe immobilier à Nice, ont sans doute médité. Situé sur les hauteurs de la ville, cet ensemble d’immeubles d’habitation et de commerces a été conçu dans un esprit de sobriété. Ici, les bâtiments sont simples, la construction n’est pas démesurée, le geste architectural est modeste. Mais tout l’intérêt du projet réside dans la place donnée à la nature. Elle est partout et se met en scène dans un cadre moderne et apaisé. Pensé comme un îlot, Le Ray est en fait un jardin étonnant. Ses concepteurs l’ont d’ailleurs nommé « jardin extraordinaire ». Les façades sont végétalisées et figurent parmi les plus grandes d’Europe. La nature est aussi au pied des immeubles. Des plantes émergent de larges bandes de pleine terre pour partir à l’assaut des façades et former un véritable réseau végétal. Le tout forme un paysage botanique conçu dans la pure tradition méditerranéenne.
Les habitants peuvent flâner dans ce jardin, s’y installer pour discuter ou pour lire. Ils ont même la possibilité d’aller dans un parc urbain situé en contrebas. Cet écrin de verdure offre en outre un panorama imprenable sur le paysage niçois, grâce à de larges vues ménagées entre les bâtiments.
Des inquiétudes et des oppositions
La réalisation du projet n’a pourtant pas été de tout repos. L’architecte Édouard François a remporté le concours lancé par la Ville en 2015 aux côtés du promoteur Vinci, pour réaménager la friche de 4,2 ha de l’ancien stade, déplacé vers la plaine du Var. En 2017, le concepteur a dû faire face à une opposition des riverains qui ont déposé des recours contre le permis de construire. Il les a reçus et a discuté longuement avec eux. Il a finalement obtenu leur reddition en échange de leur implication dans le projet. Édouard François se souvient aussi des discussions houleuses qu’il a eues avec la ville de Nice. Lorsque le projet est sorti de terre, les façades n’étaient pas encore végétalisées.
À les voir nues, en béton, il s’est dit alors qu’il avait raté quelque chose. Une inquiétude partagée par la collectivité qui ne comprenait pas bien où l’architecte l’avait emmenée. Sous la pression, Édouard François a tenu bon. Et il a eu raison car la nature a fini par faire son œuvre. Depuis l’inauguration en juin dernier, elle a pris la place qu’il voulait lui donner sur le papier.
Un îlot de fraîcheur
Le projet a été conçu pour devenir demain un îlot de fraîcheur. Il se veut emblématique de l’hyper-végétalisation et de l’hyper-perméabilité des sols. L’architecte, lui-même, s’est investi pour aller plus loin dans l’écologie urbaine, au-delà du règlementaire qui, selon lui, « lobotomise » l’éthique. Il se veut pragmatique et pense l’écologie simplement en envisageant l’avenir. « Coller les trottoirs contre les façades sans y laisser la moindre pleine terre sera considéré en 2050 comme un crime contre le climat », prévient Édouard François.
Des appartements modulablesLe projet a été conçu pour rendre les logements évolutifs. Les habitants, locataires ou propriétaires, ont en effet la possibilité de transformer une partie des terrasses en une pièce supplémentaire. Un cahier des charges est annexé au règlement de copropriété. Les matériaux des extensions sont exclusivement en bois brut imputrescible. |
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