Dans l’agglomération d’Avignon, plusieurs habitants se plaignent d’une surfacturation de leur consommation d’eau. Le collectif de Marcelle Landau met en cause la responsabilité des opérateurs privés sous contrat avec la collectivité. Il milite pour un passage en régie, comme le souhaitent en vain certains élus.
Le Collectif de l’eau présidé par Marcelle Landau mène un combat sans relâche contre les gestionnaires privés de l’eau présents sur le territoire. Cette association, composée d’un millier d’adhérents, assiste les habitants qui contestent leurs factures établies par les compagnies privées de distribution d’eau, sous contrat de délégation de service public (DSP) avec l’agglomération. En 2010, des habitants ont commencé à se plaindre du montant élevé de leurs factures, sans qu’ils ne sachent pourquoi. « Certaines factures pouvaient atteindre 6 000 euros alors que la consommation ne variait pas, fustige Marcelle Landau. On a été obligés d’aller en justice ». Dans son combat, l’association souhaiterait que la collectivité reprenne la gestion de l’eau publique comme c’est le cas dans les villes ou agglomérations de Grenoble, Paris et plus récemment Lyon. Elle estime en effet qu’un mode de gestion directe permettrait d’éviter ces dysfonctionnements.
Une nouvelle DSP votée en 2019
C’est aussi l’avis des élus socialistes de l’agglomération, à commencer par la maire d’Avignon Cécile Helle. Mais, dans cette intercommunalité où la droite, majoritaire, est favorable à la DSP, ils ont bien des difficultés à faire bouger les lignes. « Nous avons essayé de nous battre, mais on a vite compris que l’on ne gagnerait pas la partie, avoue Fabrice Martinez-Tocabens, adjoint socialiste de Cécile Helle. Pour les convaincre, nous avons essayé de leur montrer que d’autres agglomérations de droite avaient fait le choix de la régie comme à Nice avec Estrosi. Mais ils n’ont rien voulu entendre. »
En 2019, alors que le contrat avec Véolia touchait à sa fin, l’agglomération a privilégié de nouveau ce mode de gestion en signant avec Suez pour 10 ans. Un choix soutenu par Patrick Sandevoir, vice-président délégué à l’eau du Grand Avignon : « une délégation de service public permet de bénéficier du savoir-faire et d’expériences notamment en matière d’ingénierie, ce que nous ne possédons pas. »
Le hic, c’est qu’avec Suez la situation a empiré : « La transition entre les deux sociétés s’est mal passée, explique Fabrice Martinez-Tocabens. Suez a envoyé des factures sans avoir relevé tous les compteurs. » Par ailleurs, l’opérateur a pris du retard. Résultat, certains usagers sont contraints de payer des sommes très importantes, entre 600 et 14 000 euros. En ce début d’année 2021, le collectif estime que 700 usagers sur 50 000 sont concernés. Contacté, Suez n’a pas répondu à nos sollicitations. Le collectif a fait remonter les plaintes auprès du Grand Avignon et ne désespère pas de voir dans l’avenir une municipalisation de la gestion de l’eau. D’ailleurs, sa présidente estime que les socialistes ne se sont pas assez battus : « Ils auraient dû proposer un référendum pour que les administrés choisissent. Cela aurait permis au moins de créer un débat d’idées. »