L’ex-banque Dexia, SFIL, devrait passer sous le giron de la Caisse des Dépôts. La création d’un géant du crédit suscite des inquiétudes et aiguise des appétits.
Par Sébastien Fournier
L’opération inquiète. En 2020, la Caisse des Dépôts (CDC) devrait prendre le contrôle de SFIL (Société de financement local), la banque publique de développement issue du démantèlement de l’ex-banque franco-belge Dexia, dont l’actionnaire principal est l’État aux côtés de la CDC et de la Banque Postale. Une acquisition opérée dans le cadre de négociations sur l’évolution de l’actionnariat de La Poste. Objectif de la CDC : achever la création d’un grand pôle financier public au service des territoires, amorcée en 2018 avec la mise sur pied de la « Banque des Territoires ». Cette opération est loin de laisser indifférent sur le marché des prêts aux collectivités locales, dominé par les banques commerciales. Leur place n’a cessé de progresser ces dernières années. De 46 % en 2014, leur part atteint aujourd’hui 70 %. La Banque Postale est le premier contributeur, devant la Société Générale et groupe BPCE. Les banques publiques comme la CDC ou la Banque européenne d’investissement sont loin derrière, leurs offres étant moins compétitives sur les durées inférieures à 25 ans. Quant à SFIL, elle se présente comme la 7e banque française et le premier émetteur d’obligations sécurisées du secteur public en Europe.
Un mastodonte public
Du côté des banques commerciales, on regarde cette prise de contrôle avec circonspection. Pour le moment, la CDC n’est pas vraiment considérée par les acteurs du marché comme un sérieux concurrent. Bien qu’elle ait créé la marque « Banque des Territoires », son métier repose essentiellement sur du financement et moins sur du crédit. La Caisse ne pèse que 4 % sur le marché. Dorénavant, avec SFIL dans son giron, la CDC va devenir un acteur important capable de rivaliser avec les principaux contributeurs. Selon certains acteurs, elle pourrait même représenter à terme le tiers du besoin de financement des collectivités. Contactée par nos soins, la CDC n’a pas souhaité confirmer ces informations. Les marchands de crédits ne sont pas les seuls à être inquiets. En début d’année, les députés s’étaient émus de ce rapprochement, craignant la création d’un mastodonte public. « Nous sommes responsables des comptes publics. S’il y a des accidents de parcours, c’est toujours le contribuable qui mettra au pot », avait fait valoir la députée PS Valérie Rabault au cours d’une audition du patron de SFIL, Philippe Mills, en février dernier, devant la commission des finances de l’Assemblée nationale.
Un modèle différent à faire valoir
Dans ce contexte, l’Agence France Locale compte bien tirer son épingle du jeu. Et prendre des…